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Un dispositif innovant

Epilepsie : le traitement par implant ne modifie pas la personnalité

Par Mégane Fleury

Des implants cérébraux permettent de prévenir les symptômes de l’épilepsie, notamment les convulsions. En théorie, ils peuvent altérer la perception de soi ou la personnalité. 

sudok1/istock
L’épilepsie est une maladie aux causes multiples : elles peuvent être génétiques, infectieuses, traumatiques, etc.
Dans 60 à 70% des cas, les médicaments permettent de traiter la pathologie.
Environ un tiers des patients sont réfractaires au traitement : c’est-à-dire qu’aucun médicament ne permet de soulager leurs symptômes.

L’épilepsie se manifeste sous forme de crise, qui peuvent prendre différentes formes. Elles sont provoquées par une décharge anormale et simultanée des neurones dans une zone précise du cerveau. Le traitement des crises est l’enjeu principal de la prise en charge de la maladie. Cela passe par l’action sur leur cause, si elle est connue, sur les facteurs aggravants, voire par de la chirurgie ou des médicaments. Certaines personnes ne réagissent pas suffisamment ou pas du tout aux différentes options thérapeutiques. Pour les soigner, les chercheurs ont mis au point un implant cérébral. Dans AJOB Neuroscience, ils présentent les résultats d’une étude menée sur son efficacité. 

Un système "en boucle fermée" innovant 

En théorie, ces implants cérébraux peuvent avoir des effets sur la perception de soi même et sur la personnalité. Ce dispositif est dit "en boucle fermée" : il permet de surveiller et de décoder l'activité cérébrale afin d’ajuster automatiquement le traitement - délivré par des impulsions électriques - sur la base d'algorithmes internes. Ces dispositifs implantables peuvent fournir un traitement plus précis et personnalisé que les systèmes à "boucle ouverte", qui sont utilisés pour traiter la maladie de Parkinson et d'autres affections en appliquant une stimulation pré-programmée dans des zones cérébrales ciblées. "Les appareils de stimulation cérébrale de nouvelle génération peuvent moduler l'activité cérébrale sans intervention humaine, ce qui soulève de nouvelles questions éthiques et politiques, explique Tobias Haeusermann, auteur principal de cette étude. Bien qu'il y ait beaucoup de spéculations sur les conséquences potentielles de ces traitements innovants, on sait actuellement très peu de choses sur le ressenti des patients concernant ces dispositifs approuvés pour une utilisation clinique." 

Une recherche réalisée auprès de personnes épileptiques et de leurs proches 

L’étude a démarré en 2013, après une approbation de la Food and Drug Administration, l’autorité américaine de régulation des médicaments. Douze patients et leurs aidants familiaux ont été suivi pendant deux ans. "Nous avons découvert que les implants cérébraux ne transformaient pas l'estime de soi ou la personnalité des patients, précise Tobias Haeusermann. Ni l'implantation à long terme de l'appareil électronique dans leur cerveau, ni la stimulation électrique pour moduler leur fonction cérébrale, n'ont entraîné de changements dans leurs perceptions d’eux mêmes - ou dans les perceptions du patient par les membres de la famille et les autres personnes autour d'eux." Le chercheur se dit rassuré par ces résultats : aux Etats-Unis, environ 3 000 personnes sont dotées d’un implant cérébral de ce genre. Ce type de dispositif pourrait être utilisé dans le traitement d’autres pathologies, comme la maladie d’Alzheimer, la dépression ou après un accident vasculaire cérébral. 

Ci-dessous, l'émission Questions aux Experts sur la thème "l'épilepsie, une maladie encore mal connue" :