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Perte de poids : avec le temps, les effets de l’exercice diminuent

Par Jean-Guillaume Bayard

Avec le temps, les bienfaits de l’exercice physique sur la perte de poids diminuent sous l’effet d’une compensation de l’organisme, un mécanisme encore plus marqué chez les personnes obèses ou en surpoids.

YakobchukOlena/iStock
Avec le temps, la dépense énergétique est plus faible que les calories brûlées grâce à l'exercice.
Cette compensation énergétique serait de l'ordre de 28% et pourrait grimper jusqu'à 49% chez les personnes obèses ou en surpoids.

Perdre du poids est souvent un exercice très compliqué. Cela demande des efforts, tant sur l’alimentation que la pratique physique ou encore la qualité du sommeil. Pour compliquer la chose, une nouvelle étude suggère que la pratique sportive réduit la quantité de calories brûlées au repos, ce qui rend très difficile de se reposer uniquement sur l’activité physique pour perdre du poids. Parue le 27 août dans la revue Current Biology, la recherche ajoute que cette compensation de l’organisme est encore plus marquée chez les personnes obèses ou en surpoids.

Le corps compense la dépense énergétique

C’est comme si l’organisme était fait pour rendre la perte de poids la plus difficile possible. À premier vu, cela paraît pourtant simple : il suffit d’augmenter l’activité physique pour augmenter la dépense en énergie et donc réduire le métabolisme de base. Le problème est que l’organisme ne marche pas comme cela, surtout sur le long terme. En fait, le corps réduit automatiquement son métabolisme de base lorsque l'on augmente son activité physique, comme une sorte de compensation. Et cela rend l’amincissement plus difficile.

Pour schématiser, Futura a pris un exemple qui permet de bien comprendre. Si la pratique physique permet de brûler 300 calories, théoriquement cela devrait permettre d’augmenter la dépense énergétique de 300 calories. En fait, si cela fonctionne pour les premiers jours, au fil du temps, ce calcul n’est plus vrai. Le corps va compenser cette dépense énergétique accrue en réduisant la dépense ailleurs, comme au niveau du métabolisme ou de la thermogenèse. Dans l’étude, les chercheurs chiffrent cette compensation énergétique à 28%. Donc pour l’exemple ci-dessus, cela signifie que pour les 300 calories dépensées, la dépense énergétique additionnelle réelle ne sera que de 216 calories. “C'est comme un gouvernement qui essaye d'équilibrer son budget. Si l'on dépense plus pour l'éducation, on a moins d’argent pour entretenir les routes”, image Lewis Halsey, chercheur à l'université de Roehampton au Royaume-Uni et coauteur de l'étude, dans le Guardian.

Un mécanisme incompris

Pour ajouter à l’injustice, les chercheurs estiment que ce phénomène est encore plus marqué chez les personnes obèses ou en surpoids. La compensation énergétique pourrait aller jusqu’à 49,2%. “Il est possible que les personnes ayant des niveaux de graisse plus importants deviennent de plus gros ‘compensateurs’ au fur et à mesure qu'elles grossissent, suggère Lewis Halsey. S'ensuit alors une boucle de rétroaction négative où l'utilisation de l'exercice physique pour perdre du poids est de moins en moins efficace.

Les chercheurs ne sont pas parvenus à fournir d’explication claire sur le mécanisme en jeu. Ils assurent que cela fera l’objet de recherches futures. “Nous devons également évaluer s'il y a un coût à réduire le métabolisme de base, par exemple par un système immunitaire affaibli ou un ralentissement du rétablissement des blessures, et ainsi calculer le point à partir duquel l'exercice fait atteindre un niveau préjudiciable”, ont-ils conclu.