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Neuroscience

Comment le manque de sommeil affecte la mémoire

Par Jean-Guillaume Bayard

La privation de sommeil augmenterait l'activité des neurones inhibiteurs dans l'hippocampe, une zone du cerveau essentielle à la navigation, ainsi qu'au traitement et au stockage de nouveaux souvenirs.

dmitrieva/iStock
Il existe une fenêtre de temps sensible, quelques heures après l'apprentissage, pendant laquelle dormir permet de consolider pleinement un souvenir.
L'activité dans le gyrus denté, la première région où les souvenirs commencent à se former, située dans l'hippocampe, est perturbée par le manque de sommeil.

Avant un examen, les étudiants font parfois des nuits blanches pour réviser et espérer être le mieux préparé possible. Cela serait contre-productif et une bonne nuit de sommeil pourrait leur être plus utile. Se priver d’une nuit de sommeil augmenterait l'activité des neurones inhibiteurs dans l'hippocampe, une zone du cerveau essentielle à la navigation, ainsi qu'au traitement et au stockage de nouveaux souvenirs. C’est ce qu’a conclu une étude qui vient de paraître dans le PNAS.

Une fenêtre de temps sensible après l’apprentissage

Cette étude met en évidence l’importance du sommeil pour mobiliser au mieux sa mémoire. Des études antérieures ont montré qu'il existe une fenêtre de temps sensible, quelques heures après l'apprentissage, pendant laquelle dormir permet de consolider pleinement un souvenir. Pendant cette période, l'activité neuronale doit rester intacte dans l'hippocampe, et la transcription et la traduction de l'ARN dans les neurones doivent se produire normalement.

Les chercheurs ont étudié l'interaction entre le sommeil et l'éveil, l'activité des neurones de l'hippocampe et la phosphorylation induite par l'activité de S6, un composant des ribosomes, de minuscules organites qui traduisent l'ARNm en protéine. Cet événement de phosphorylation affecte les ARNm qui sont traduits en protéines à mesure que les neurones deviennent plus actifs. Cette régulation peut être importante pour s'adapter aux demandes métaboliques en constante évolution des neurones.

L’activité de l’hippocampe perturbée

Pour l’étude, les chercheurs ont donné aux souris un stimulus de peur. Lorsque les souris ont été autorisées à dormir librement après le stimulus, il a constaté que la phosphorylation de S6 augmentait dans une partie de l'hippocampe appelée gyrus denté, la première région où les souvenirs commencent à se former. Mais lorsque les souris ont été privées de sommeil, ils ont observé que la phosphorylation diminuait dans tout l'hippocampe. Cela a perturbé les souvenirs des souris qui, autrement, auraient été formés en réponse au stimulus de peur.

Dans des troubles tels que la maladie d'Alzheimer, où les troubles du sommeil sont fréquents, il pourrait y avoir une relation entre le mécanisme physiologique décrit dans cette étude et la perte de mémoire, affirme Sara Aton, co-autrice principale de l’étude. Mais il pourrait y avoir une fonction de protection des neurones, ou une réaction psychologique adaptative contre les souvenirs stressants.”