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Santé mentale

Post-partum : encore plus grave quand le couple va mal

Par Charlotte Arce

Lorsqu’elle est malheureuse dans son couple, une femme qui vient d’accoucher a plus de risque de souffrir d’une dépression post-partum, et à long terme, court un risque plus grand de maladie ou de décès.

Jelena Stanojkovic/iStock
Les femmes en post-partum et malheureuses dans leur couple sont plus susceptibles de signaler des symptômes de dépression.
Les femmes se sentant les plus vulnérables après leur accouchements montrent aussi une variabilité de la fréquence cardiaque plus faible que les autres.
Cela signifie d'après les chercheurs qu'elles ont plus de difficultés à gérer le stress, ce qui peut occasionner une dépression post-partum.

Correspondant à la période qui s’étend de la fin de l’accouchement jusqu’aux retours de couches, c’est-à-dire les premières règles après la grossesse, le post-partum est souvent vécue comme un moment d’extrême fragilité pour les femmes. Non seulement ces dernières voient leur quotidien chamboulé par l’arrivée d’un nouveau-né, mais elles doivent aussi composer avec des bouleversements physiques et psychiques dont on parle encore trop peu. Chute d’hormones, saignements, contractions utérines post-accouchement (les "tranchées"), difficultés à allaiter ou encore douleurs liées à l’accouchement sont le lot de la majorité des nouvelles mamans.

Si ce mal-être qui suit la naissance est souvent passager (le fameux "baby blues"), il peut s’installer de manière durable chez les mamans qui manquent de soutien et d’accompagnement, se transformant alors en dépression post-partum. Dans une nouvelle étude publiée dans le numéro de juillet 2021 de Psychoneuroendocrinology, des chercheurs mettent en lumière le rôle joué par la relation avec le ou la partenaire sur le risque de dépression chez les femmes entre le troisième trimestre de la grossesse et un an après l'accouchement.

"La qualité de la relation avec son conjoint affecte considérablement sa santé mentale ainsi que sa santé biologique et sa physiologie, explique ainsi Lisa Christian, professeure associée de psychiatrie et de santé comportementale à l'Université d'État de l'Ohio et co-autrice de l'étude. Nous souhaitions en savoir plus sur les effets de la qualité des relations sur la santé pendant la période post-partum, en raison des changements substantiels qui se produisent à ce moment-là sur le plan physique, mental et dans la vie sociale et interpersonnelle."

La variabilité de la fréquence cardiaque, un indicateur fiable à surveiller

Les chercheurs ont utilisé deux outils :  l'échelle "Positive and Negative Quality in Marriage Scale" pour mesurer les qualités négatives des relations et l'échelle de dépression du Center for Epidemiologic Studies pour évaluer la santé mentale. Les chercheurs ont également surveillé variabilité de la fréquence cardiaque (VRC) lors de contrôles réguliers des participantes à l'étude pendant la première année post-partum.

Pendant la grossesse, la VRC diminue naturellement. Les chercheurs ont constaté que les femmes en post-partum qui avaient de mauvaises relations avec leur conjoint ou partenaire étaient plus susceptibles de signaler des symptômes de dépression. Ces symptômes étaient liés à une VRC qui était plus susceptible de rester faible après la grossesse.

Selon Ryan Linn Brown, autrice principale des travaux, la variabilité de la fréquence cardiaque a un lien significatif avec la santé et le bien-être à long terme. "Une VRC élevée est une bonne chose. Cela signifie que votre corps est bien équipé pour faire face aux facteurs de stress et s'en remettre. Une VRC faible signifie que votre corps n'est pas aussi capable de gérer le stress, et des recherches antérieures ont démontré qu'un stress mal géré peut vous exposer à un plus grand risque d'une multitude de problèmes de santé", détaille-t-elle.

Les chercheurs espèrent désormais que ces résultats contribueront à l'élaboration d'interventions en matière de santé mentale qui aideront les femmes en post-partum à vivre plus sereinement cette période charnière pour leur bien-être, celle de leur enfant et celle de leur couple. On estime aujourd’hui qu’environ 20 % des femmes venant d’accoucher vont souffrir d’une dépression post-partum dans les jours, semaines ou mois suivant la naissance de leur enfant.