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Gastroentérologie

Le microbiote intestinal joue sur les maladies du cœur

Par Mathilde Debry

Un nouveau lien a été établi entre un microbiote intestinal de qualité et notre bonne santé.  

Razvan25 / istock.
Depuis plusieurs années, on prête un rôle déterminant au microbiote intestinal pour notre santé.
Le microbiote intestinal est l'ensemble des microorganismes du tractus digestif humain, c'est-à-dire le microbiome intestinal et de tout le système gastro-intestinal (estomac, selles).

Des chercheurs*, publiés dans la revue Gut, viennent de démontrer qu’un métabolite issu des bactéries intestinales, l’hippurate, est associé à la diversité du microbiote. Il jouerait un rôle important pour notre santé cardiovasculaire et métabolique, notamment en participant à la régulation de la glycémie. 

Séquençage ADN

L’équipe, dirigée par le chercheur Inserm Dominique Gauguier, s’est intéressée à l’hippurate, un métabolite produit par les bactéries intestinales que l’on retrouve dans les urines. Les scientifiques ont combiné deux méthodes, le séquençage ADN (analyse du profil génétique) des bactéries du microbiote intestinal et le profilage métabolomique urinaire (analyse de petits métabolites présents dans les urines), chez 271 personnes d’une cohorte danoise (l’étude MetaHIT).  

A partir des données obtenues, les scientifiques montrent que des niveaux élevés d’hippurate dans les urines sont associés à une plus grande diversité de la flore intestinale et une augmentation de la richesse en gènes du microbiote, qui sont deux paramètres protecteurs du risque cardiométabolique (risque de développer des maladies cardiovasculaires et/ou du diabète).

Intérêt diagnostique et thérapeutique

Les chercheurs disposaient par ailleurs d’informations relatives aux habitudes alimentaires des participants, ainsi qu’à leur indice de masse corporelle (IMC). Ils ont constaté que chez les personnes obèses ayant une alimentation riche en graisses saturées, et un risque de développer des problèmes cardiovasculaires et métaboliques, des niveaux élevés d’hippurate avaient des effets bénéfiques sur le poids et sur la santé métabolique.

Ces résultats ont été complétés par une étude de validation chez des souris obèses, nourries avec un régime gras. Dans ces modèles animaux, l’administration d’hippurate améliorait l’équilibre glycémique et stimulait la sécrétion d’insuline. "Ces travaux confirment l’importance de l’architecture et de la fonction de la flore intestinale en santé humaine, en démontrant le rôle bénéfique d’un métabolite produit par des bactéries intestinales, comme nous l’avions déjà démontré précédemment avec un autre métabolite, le cresol", souligne Dominique Gauguier.

L’intérêt de ces résultats est à la fois diagnostique - l’hippurate pouvant être considéré comme un biomarqueur de la diversité du microbiote - mais aussi thérapeutique.

*de l’Inserm et d’Université de Paris, en collaboration avec des équipes d’INRAE, de l’Imperial College à Londres et de l’université de Copenhague au Danemark.