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Boulimie, anorexie

Covid-19 : 6 comportements alimentaires malsains liés à la pandémie

Par Charlotte Arce

Selon une étude menée pendant la pandémie de Covid-19, le stress généré par la situation sanitaire et l’incertitude face à l’avenir aurait eu un impact direct sur les troubles alimentaires.

KatarzynaBialasiewicz/iStock
Le suivi de volontaires pendant la pandémie de Covid-19 a mis en évidence une exacerbation des troubles du comportement alimentaire, qu'il s'agisse de boulimie ou d'anorexie mentale.
Selon les auteurs de l'étude, les personnes les plus à risque sont celles ayant déclaré moins bien gérer le stress, avoir des symptômes dépressifs, mais aussi celles faisant face à des difficultés financières.

La crise de la Covid-19 que nous vivons depuis maintenant plus d’un an n’a pas seulement bouleversé notre rapport au travail, nos relations sociales ou ébranlé l’économie mondiale : elle a aussi eu pour conséquence de désordonner nos comportements alimentaires.

C’est ce que met en lumière une nouvelle étude menée par l'école de médecine et de l'école de santé publique de l'université du Minnesota (États-Unis). Dans l’International Journal of Eating Disorders, ils mettent en corrélation la pandémie de Covid-19 et l’exacerbation de six comportements alimentaires malsains. "La pandémie de Covid-19 a entraîné la mise en œuvre rapide de politiques de santé publique visant à réduire la transmission du virus, explique Melissa Simone, chercheuse postdoctorale en psychiatrie et sciences du comportement. Bien que ces protections soient nécessaires, les perturbations de la vie quotidienne associées à la pandémie en cours peuvent avoir des conséquences négatives importantes sur le risque de troubles et de symptômes alimentaires."

Une hausse des cas d'anorexie et de boulimie

Les chercheurs ont étudié les données provenant de participants à l'étude du projet EAT entre mars et avril 2020, le but étant de mieux comprendre les associations potentielles entre le stress, la détresse psychologique, les difficultés financières et les changements de comportements alimentaires pendant la pandémie. Les résultats ont mis en évidence six thèmes clés dans les changements de comportement alimentaire, parmi lesquels le fait de manger sans réfléchir et de grignoter, ou bien pour se réconforter, le fait d’augmenter sa consommation d’aliments ou au contraire de diminuer son apport alimentaire.

Les chercheurs ont aussi constaté une réapparition ou une augmentation marquée des symptômes de troubles alimentaires. Ainsi, environ 8 % des personnes interrogées ont déclaré exercer un contrôle extrême sur leur poids et 14 % ont fait état de frénésie alimentaire. L'étude a révélé que ces résultats étaient significativement associés à une moins bonne gestion du stress, à des symptômes dépressifs plus importants et à des difficultés financières modérées ou extrêmes.

"On s'est beaucoup intéressé à l'obésité et à son lien avec la Covid-19. Il est également important de se concentrer sur le grand nombre de personnes qui ont eu des troubles de l'alimentation et qui risquent d'en souffrir pendant et après la pandémie", souligne la Pr Dianne Neumark-Sztainer, qui a dirigé les travaux.

Comme l’expliquent les auteurs de l’étude, il est fort probable que les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19 persistent encore longtemps. Or, les résultats suggèrent que des difficultés financières modérées ou graves peuvent être liées à des comportements alimentaires désordonnés. Aussi, "il est essentiel que les interventions préventives et les efforts de traitement des troubles alimentaires soient abordables, facilement accessibles et largement diffusés auprès des personnes à haut risque", insiste Melissa Simone, qui plaide pour mieux une généralisation des interventions en ligne ou sur smartphone pour mieux cibler les personnes concernées.