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Tabagisme

Aurait-on trouvé la solution "miracle" pour arrêter de fumer sans difficulté ?

Par Jean-Guillaume Bayard

L’utilisation d'une enzyme pour détruire la nicotine dans l’organisme des fumeurs serait un outil radical pour arrêter la cigarette sans effet indésirable.

Pixelimage/iStock
L'enzyme NicA2 permet d'éviter la période de sevrage.
Elle permet également d'éviter les rechutes car la nouvelle prise de nicotine n'atteindra pas réellement leur cerveau, ce qui empêcherait les fumeurs de devenir à nouveau dépendants.

Arrêter de fumer se fait rarement sans difficulté. “Le problème est qu'il y a des symptômes de sevrage”, poursuit le Dr Ricky Stull, professeur adjoint de chimie à l'université Western Michigan. Avec son équipe de chercheurs, ce dernier a peut-être trouvé la solution pour éviter ces symptômes et permettent à ceux qui veulent arrêter de fumer, de le faire sans difficulté. Ils ont découvert une stratégie d'utilisation d'enzymes pour dégrader la nicotine dans le corps, la chassant du système sans aucun effet indésirable. Ces résultats ont été présentés le 11 janvier dans la revue Nature Chemical Biology

Une étude de 2018 revisitée

Les chercheurs se sont fondés sur une étude de 2018 qu’ils ont corrigé pour parvenir à leur résultat. Celle-ci a montré qu’une injection de l’enzyme NicA2 à des rats dépendants à la nicotine a mis fin à cette dépendance. “Ils n'avaient aucune preuve de rechute, aucune preuve de sevrage, précise Ricky Stull. Mais il y avait un problème avec l'enzyme NicA2 dans cette étude. L'enzyme, comme ils l'utilisaient, dégradait la nicotine si lentement qu'ils ont dû utiliser des quantités scandaleuses pour voir tous ces effets bénéfiques. Vous ne pourriez jamais la traduire aux gens.”

Pour dégrader la nicotine, l’enzyme NicA2 nécessite un accepteur d'électrons. Ricky Stull et ses collègues ont découvert que les auteurs de la précédente étude ont supposé à tort que l'oxygène moléculaire est un accepteur d'électrons de l'enzyme. “Au lieu de cela, nous avons trouvé une protéine cytochrome, qui fait partie de la chaîne de transport d'électrons et est normalement utilisée pour produire de l'énergie dans les cellules, qui est un accepteur d'électrons naturel, décrit Chris Clark, auteur de la nouvelle étude. En utilisant le cytochrome comme accepteur d'électrons, vous avez besoin de beaucoup moins de NicA2 pour obtenir la perte bénéfique de la dépendance à la nicotine.” 

Éviter les rechutes

Les chercheurs avancent que cette découverte pourrait également permettre d’éviter les rechutes, fréquentes chez les personnes qui ont été dépendantes et qui tentent d’arrêter de fumer. “Je pense que l'application où cela serait le plus utile serait chez une personne qui tente d'arrêter de fumer et qui présente un risque élevé de rechute, estime Ricky Stull. S'ils sont traités avec cette enzyme lors d'un événement de réexposition, la nicotine n'atteindra pas réellement leur cerveau, ce qui les empêcherait de devenir à nouveau dépendants.”

Des recherches complémentaires sont nécessaires avant d’utiliser cette méthode, notamment pour comprendre comment l'enzyme est capable de réduire la concentration de nicotine dans le sang sans déclencher le sevrage. “C'est l'un des premiers - sinon le premier - cas où nous avons prouvé que l'oxygène n'est pas l'accepteur d'électrons natif d'une enzyme de cette famille”, ajoute Chris Clark.

Si ces résultats se confirment, l’espoir d’un traitement universel efficace deviendra réalité. “Le tabagisme est la principale cause de maladies évitables dans le monde, conclut Ricky Stull. Si nous pouvions proposer un nouveau traitement qui puisse aider les gens à surmonter leur dépendance à la nicotine ou leur tabagisme, nous pourrions avoir un impact assez important sur la santé humaine.”