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Education à la santé

Plan cancer : la prévention devrait commencer dès l’école

Par Afsané Sabouhi

Pour réduire les inégalités face au cancer, la prévention doit faire partie de la scolarité de tous, plaide le Pr Jean-Paul Vernant, chargé de préparer le 3e Plan cancer.

SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

L’ambition du 3e Plan Cancer, prévu pour 2014, est de s’attaquer aux inégalités sociales particulièrement marquées dans cette maladie. Pour le Pr Jean-Paul Vernant, qui a remis vendredi matin un rapport préparatoire aux ministres de la Santé et de la Recherche, « le développement d’une prévention réellement efficace est un moyen de réduire les inégalités de santé ». Il souligne par exemple que si les principaux facteurs de risque de cancer (alcool, tabac, soleil ou alimentation) sont globalement connus des Français, « cette connaissance demeure cependant très inégale et toujours marquée par un gradient social ». Pour compenser au plus tôt cette inégalité, le Pr Vernant et son groupe de travail plaident pour que la prévention soit intégrée à la scolarité, mais sous forme d’éducation à la santé et non comme une liste d’interdits.


La prévention s'apprend aux enfants ...

C’est ce que développe par exemple la Fondation La main à la pâte, qui œuvre pour l’enseignement des sciences à l’école primaire. Depuis 2009, elle a mis à disposition des enseignants un module pédagogique d’éducation à la santé baptisé Vivre avec le soleil. L’objectif est d’amener les enfants, par l’expérimentation scientifique, à comprendre quels sont les risques liés à l’exposition solaire selon les lieux, l’heure ou la saison et à adopter ainsi un comportement de prévention adapté. Et ça marche ! Ainsi sensibilisés, les enfants se font un plaisir de rappeler à leurs parents les conseils de prévention qu’ils ont découverts à l’école.


... et bénéficie aux parents

Au printemps dernier, c’est la Fédération française de cardiologie qui a fait le pari de cette prévention par les enfants. Elle a organisé le 5 avril une version scolaire de son opération Les Parcours du cœur pour faire connaître à plus de 2000 classes d’écoles primaires et de collèges les repères de bonne santé cardiovasculaire : 0 cigarette, 5 fruits et légumes et 30 minutes d’activité physique par jour. « Les enfants sont des éponges de prévention et ils ont souvent une plus grande influence que le médecin sur le reste de leur famille, surtout dans les milieux défavorisés », confiait alors à PourquoiDocteur le Pr Claire Mounier-Vehier, vice-présidente de la Fédération française de cardiologie et

chef du service Médecine vasculaire et Hypertension du CHRU de Lille.


Ces constats sur le terrain viennent appuyer les arguments de Jean-Paul Vernant, particulièrement critique dans son rapport préparatoire au Plan Cancer 3 sur la prévention du tabagisme. L’échec de la politique française de lutte contre le tabac est en effet particulièrement patent chez les jeunes et dans les populations défavorisées où la consommation de tabac ne cesse d’augmenter. Les auteurs plaident donc auprès des ministres pour que les recettes de la taxation des paquets de cigarettes servent à financer notamment des actions de prévention ciblées pour les jeunes et les plus défavorisés. Dans leur communiqué diffusé après la remise du rapport du Pr Vernant, Marisol Touraine et Geneviève Fioraso ont souligné parmi les pistes qu’il mettait en avant « la nécessité d’améliorer la prévention, en réduisant notamment le tabagisme ». De là à faire de la santé publique une matière abordée à l’école primaire ? Réponse début 2014 avec l’annonce des orientations retenues pour le Plan cancer 3.


Le cancer demeure en France la principale cause de mortalité avec 148 000 décès estimés en 2012 et 355 000 nouveaux cas par an.