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Adolescence

Risque de dépression : "Maman comment tu m'as fait j'suis pas beau ..."

Par Jean-Guillaume Bayard

Les adolescents qui ne sont pas satisfaits de leur apparence physique courent un risque considérablement accru de dépression au moment où ils atteignent l'âge adulte.

tommaso79/iStock
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Près de 1 fille sur 3 (32%) et environ 1 garçon sur 7 (14%) sont insatisfaits de leur poids et environ 1 fille sur 4 (27%) et 1 garçon sur 7 (14%) sont insatisfaits avec leur silhouette.
À 18 ans, une fille sur 10 a signalé au moins un épisode dépressif léger, contre 1 garçon sur 20.
Les garçons sont plus susceptibles de souffrir de dépression grave que les filles.

L'aversion pour leur apparence physique affecte jusqu'à 61% des adolescents dans le monde. Cela peut être un facteur de risque de nombreux troubles tels que l’alimentation, des comportements malsains ou encore une mauvaise santé mentale. Des chercheurs britanniques ont publié le 10 novembre dernier une étude dans le Journal of Epidemiology & Community Health dans laquelle ils avancent que les adolescents qui ne sont pas satisfaits de leur apparence physique courent un risque considérablement accru de dépression au moment où ils atteignent l'âge adulte.

Les filles plus insatisfaites que les garçons

L'ampleur du risque accru varie de 50% à 285%, selon les résultats. Les chercheurs ont mené leur étude sur 4 000 volontaires britanniques qui participent à une étude de suivi à long terme, l'étude longitudinale Avon sur les parents et les enfants (ALSPAC). À 14 ans, 3 753 adolescents ont évalué leur satisfaction à l'égard de leur apparence physique en notant leur poids, leur silhouette, leur corpulence et des zones spécifiques comme seins, le ventre, la taille, les cuisses, les fesses, les hanches, les jambes, le visage et les cheveux. Ils ont mis une note sur chacun de ces critères allant de 0, “extrêmement insatisfait”, à 5, “extrêmement satisfait”.

Les garçons (1675) et les filles (2078) sont plutôt satisfaits de leur corps, dans l'ensemble. Les filles sont plus insatisfaites que les garçons. Les parties du corps qu’elles aiment le moins chez elles sont les cuisses, le ventre et leur poids alors que les parties les plus appréciées sont les cheveux et les hanches. Les garçons sont eux plus insatisfaits de leur morphologie, de leur ventre et de leurs hanches mais sont moins préoccupés par leurs cheveux, leur poids ou leurs jambes. Près de 1 fille sur 3 (32%) et environ 1 garçon sur 7 (14%) sont insatisfaits de leur poids et environ 1 fille sur 4 (27%) et 1 garçon sur 7 (14%) sont insatisfaits avec leur silhouette. 

Les garçons plus touchés par les dépressions graves

À 18 ans, les symptômes dépressifs ont été évalués chez les volontaires et ont révélé que les filles connaissent plus d’épisodes de dépression que les garçons. Une fille sur 10 a signalé au moins un épisode dépressif léger, contre 1 garçon sur 20. Près de 7% des filles et 3% des garçons ont rapporté au moins un épisode dépressif modérément sévère, tandis que les épisodes dépressifs sévères affectaient 1,5% des filles et moins de 1% (0,7%) des garçons. L'analyse des données a révélé que l'insatisfaction corporelle à l'âge de 14 ans prévoit des épisodes dépressifs de tous degrés de gravité chez les filles et des épisodes dépressifs légers et sévères chez les garçons à 18 ans.

Les garçons sont plus susceptibles de souffrir de dépression grave que les filles. Chez les filles, chaque augmentation de l'échelle d'insatisfaction corporelle à 14 ans est associée à un risque accru de vivre au moins un épisode dépressif léger (63%), modéré (67%) et/ou sévère (84%) à 18 ans. Les effets de l'insatisfaction corporelle sur les épisodes dépressifs légers sont comparables entre les garçons et les filles, mais ils sont plus fort chez les garçons concernant les épisodes dépressifs sévères. Chaque augmentation de l'échelle d'insatisfaction corporelle à 14 ans chez les garçons est associée à un risque accru de vivre au moins un épisode dépressif léger (50%) et/ou sévère (285%) à 18 ans.

Une forte pression sociale

Pour les chercheurs, ces résultats montrent l’influence de la pression sociale sur les jeunes. “Il est possible qu'à l'ère des médias sociaux et des pressions croissantes sur les idéaux corporels, les adolescents de sexe masculin soient également devenus sensibles aux pressions d'image corporelle idéalisée, ce qui peut se traduire par des épisodes dépressifs ultérieurs”, suggèrent-ils.

Ces résultats démontrent que l'insatisfaction corporelle doit être considérée comme un problème de santé publique préoccupant. Elle est très répandue parmi les jeunes dans la population générale et a une incidence croissante. Les résultats indiquent que réduire l'insatisfaction corporelle pourrait être une stratégie efficace pour réduire les problèmes de santé mentale”, concluent les chercheurs.