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Variation génétique

Dépression : un gène pourrait expliquer pourquoi les femmes sont plus touchées

Une nouvelle étude met évidence un gène spécifique essentiel dans la régulation de l’humeur qui pourrait expliquer pourquoi les femmes sont deux fois plus touchées par la dépression que les hommes. 

Dépression : un gène pourrait expliquer pourquoi les femmes sont plus touchées bunditinay/iStock




L'ESSENTIEL
  • Face à la dépression, les femmes seraient deux fois plus à risque que les hommes
  • Un gène impliqué dans la régulation de l'humeur pourrait être une explication

La dépression est la maladie mentale la plus courante qui soit. Dans le monde, 264 millions de personnes seraient concernées, selon les estimations de l’OMS. En France, Santé publique France estime à près de 9 millions les personnes qui ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie, soit une personne sur sept. Si l’on sait depuis longtemps que ce trouble ne se limite pas aux seuls aspects psychologiques et peut toucher les familles, les variations génétiques en jeu restent encore méconnues par la science. Aujourd’hui, une étude parue dans le journal Neuron a mis en évidence un gène spécifique essentiel dans la régulation de l’humeur qui pourrait expliquer pourquoi la dépression touche davantage les femmes. En effet, ces dernières seraient deux fois plus à risque que les hommes. Alors qu’un patient sur cinq ne répond pas aux antidépresseurs, ces découvertes pourraient permettre de mettre en place des traitements plus efficaces.

Dans le passé, des études ont montré qu'environ 35 % des risques de dépression chez les deux sexes étaient dus à des facteurs génétiques, et le reste à des facteurs environnementaux, principalement l'exposition au stress. Les gènes ANR non-codant long (ARNL) font quant à eux partie des facteurs épigénétiques. Il s’agit de processus biologiques entraînant des modifications de l'expression des gènes qui ne sont pas causées par des changements dans les gènes eux-mêmes. Ici, pour évaluer la contribution de ces gènes dans la dépression, des chercheurs du Mont Sinaï, à New York (Etats-Unis), ont passé au crible des milliers de molécules candidates. Grâce à la bio-informatique, ils ont pu réduire leur champ d’investigations au gène LINC00473.

Ils l’ont alors exprimé dans les neurones de souris adultes et ont découvert que ce gène induisait une résilience au stress uniquement chez les femelles, qui est altéré dans la dépression féminine. Cela s’accompagnait par ailleurs de modifications de la fonction synaptique et de l’expression génétique. Dans le cortex cérébral des femmes, LINC00473 est régulé à la baisse, ce qui pourrait expliquer pourquoi ces dernières sont plus vulnérables face à la dépression, avancent les chercheurs.

“Une feuille de route très prometteuse pour aller de l’avant”

Notre étude apporte la preuve de l'existence d'une nouvelle famille importante de cibles moléculaires qui pourraient aider les scientifiques à mieux comprendre les mécanismes complexes qui conduisent à la dépression, en particulier chez les femmes, explique Orna Issler, autrice principale de l'étude. Ces découvertes sur les bases biologiques de la dépression pourraient favoriser le développement de pharmacothérapies plus efficaces pour lutter contre une maladie qui est la principale cause d'invalidité dans le monde”. Si les chercheurs se concentrent principalement sur LINC00473, ils étudient également d'autres gènes considérés comme de bons candidats.

Notre travail suggère que le cerveau complexe des primates utilise particulièrement les longs ARN non codants pour faciliter la régulation des fonctions cérébrales supérieures, y compris l'humeur (…) et que le dysfonctionnement de ces processus peut contribuer à des pathologies comme la dépression et l'anxiété de manière spécifique au sexe”, poursuit la docteure Issler.

Notre étude ouvre la voie à une toute nouvelle classe de cibles moléculaires qui pourraient aider à expliquer les mécanismes régissant la susceptibilité et la résilience à la dépression, en particulier chez les femmes, renchérit l'auteur correspondant Eric J. Nestler. De longs ARN non-codants pourraient nous guider vers des moyens meilleurs et plus efficaces de traiter la dépression et, tout aussi important, de diagnostiquer cette condition débilitante. Il reste beaucoup de travail à faire, mais nous avons fourni une feuille de route très prometteuse pour aller de l'avant”, s’enthousiasme-t-il.

Traiter la dépression différemment selon le sexe du patient

En mars 2018, une étude canadienne avait déjà mis en lumière des mécanismes génétiques contribuant à la dépression de façon différente selon les sexes.

En mesurant l’intensité d’expression des gènes dans le cerveau de personnes décédées alors qu’elles étaient en dépression, les chercheurs ont découvert que les gènes affectant la fonction synaptique s’exprimaient de manière plus forte dans le cerveau des femmes. Au contraire, les gènes affectant la fonction immunitaire s’activeraient plus vivement chez les hommes.

Cette étude document met en évidence les mécanismes moléculaires divergents qui contribuent à la dépression chez les hommes et les femmes”, se félicitaient les scientifiques, appelant donc à traiter de façon différente les patients souffrant de dépression en fonction de leur sexe.

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