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Dépression : la thèse d'une vulnérabilité liée à l'évolution

De nombreux chercheurs se sont demandé pourquoi les êtres humains étaient si vulnérables face à la dépression. Voici quelques hypothèses. 

Dépression : la thèse d'une vulnérabilité liée à l'évolution Kaipong/iStock




La dépression touche entre 15 et 20% de la population générale et augmente le risque de suicide de 10 à 20% chez les personnes concernées. Elle peut se caractériser par une tristesse pathologique quasi-permanente, une perte d'intérêt et de plaisir, une perte d'appétit, d'estime de soi, une fatigue intense, une angoisse permanente, une forte tendance au pessimisme, une perte d'énergie vitale, un ralentissement psychomoteur (dans la gestuelle, la voix, la démarche et l'initiative) ou encore des troubles de l'attention et de la concentration.

Potentiellement invalidante, la dépression peut considérablement altérer la qualité de vie des patients et devenir un vrai trouble social. On estime pourtant qu'une personne sur cinq a souffert ou souffrira de dépression au cours de sa vie. Une tendance importante, considérée aujourd'hui comme un problème de santé publique majeur.

La dépression serait-elle issue d'un ancien mécanisme de défense ?

Si les chercheurs tentent de découvrir pourquoi certaines personnes y sont plus sujettes que d'autres, le professeur universitaire et praticien hospitalier Gilles Bertschy s'est interrogé dans The Conversation sur les raisons qui font de nous des êtres si vulnérables aux risques de dépression.

Il a rassemblé plusieurs éléments de réponse puisés dans la médecine évolutionniste qui considère qu'au fil de son évolution, l'être humain a optimisé certains facteurs de vulnérabilité de certaines maladies pour préserver sa survie. “Par exemple, explique Gilles Bertschy, on pense que certains sont prédisposés au risque d’obésité dans notre société de surabondance alimentaire, parce que leurs ancêtres étaient confrontés à la disette.”

Chez certaines personnes donc, la dépression serait issue d'“‘une fonction adaptative d’autolimitation” développée par leurs ancêtres. C'est-à-dire qu'elle leur permettait de se limiter, de s'économiser, de ne pas mettre en péril leurs ressources ou leur place dans le groupe social et ainsi d'“échapper à la mort par épuisement” au cours d'une tâche difficile (“quand le creusement de son terrier butait sur de la roche, ou quand ses tentatives de promotion au sein d’un groupe devenaient risquées”).

“Un comportement protecteur de retrait et d’isolement”

La dépression pourrait également être selon certaines recherches, “un mécanisme de défense comportemental” (immobilisation, soumission...) visant à s'adapter à une situation et à en limiter les conséquences néfastes (“en limitant par exemple les possibilités d’agression par un congénère”).

Le professeur évoque également “l’idée de la sélection naturelle d’un programme de lutte contre les infections. Selon cette approche, il y aurait au départ un comportement protecteur de retrait et d’isolement – nous l’avons tous vécu quand la grippe nous cloue au lit”.

En somme, si le trouble dépressif est aujourd'hui une vraie pathologie, il se pourrait qu'il résulte de mécanismes comportementaux anciens mis en place au cours de notre évolution pour survivre. “Bien entendu, toutes ces hypothèses pèchent par leur simplicité, reconnait le médecin. Néanmoins, elles ont le mérite d’être variées et complémentaires, ne s’excluant pas mutuellement.” 

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), “la dépression est la première cause d’incapacité dans le monde et contribue fortement à la charge mondiale de la maladie”, “les femmes sont plus atteintes que les hommes” et 800 000 personnes mettent fin à leur vie chaque année dans le monde. 

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