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Santé publique

Chikungunya, zika, dengue : le moustique tigre progresse en France

Par Amanda Breuer-Rivera

Le moustique étend sa présence dans l'hexagone de 9 départements supplémentaire en une année. Parmi les 51 départements où il est présent , il a été responsable de plusieurs cas "autochtones" de dengue et de zika. Explications.

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Le moustique tigre poursuit son implantation en France. En 2019, 51 départements métropolitains ont détecté la présence de ce moustique vecteur de maladies.
Une étude observe que les moutisques prolifèrent dans un environnement modifié par l'homme, notamment les espèces de moustiques qui transmettent des virus.

Le moustique tigre, dit Aedes albopictus, continue sa progression en France. Désormais présent dans 51 départements métropolitains, contre 42 en 2018, il tourmente essentiellement les habitants du sud de la Loire, mais également l'Alsace et l'est de l'Île-de-France. Une présence anecdotique si ce type de moustique n'était pas vecteur de la dengue, du chikungunya et du zika. Ces virus sans vaccin, provoquent fièvre importante, maux de tête, fatigue intense et parfois des irruptions cutanées. Les formes graves de la dengue peut provoquer une hémorragie mortelle, celle du chikungunya des complications neurologiques et celle du zika dans de rares cas une paralysie mortelle ou provoquer des malformations de fœtus.

En 2019, Santé publique France a comptabilisé : 113 cas confirmés ou probables de chikungunya, 923 cas de dengue et 17 cas d’infection au virus Zika. L'immense majorité de ces cas résulte d'une contamination lors d'un voyage dans un pays tropical comme la Thaïlande, la Côte-d'Ivoire, Cuba, le Congo ou alors dans les départements d'Outre-mer comme les Antilles et la Réunion. Cependant, parmi ces contaminations 9 cas de dengue et 3 de zika sont dits "autochtones", c'est-à-dire contractés en France métropolitaine.

Ce phénomène est préoccupant puisque le renforcement de la présence de moustique tigre accroît les risques de contaminations. En 2019, ces 12 cas "autochtones" avaient déjà été signalés : deux cas de dengue dans le Rhône entre juillet et septembre 2019; sept cas de dengue dans les Alpes-Maritimes entre juillet et août 2019; et un foyer de 3 cas de zica dans le Var - une première selon Santé publique France en Europe.

Les moustiques suivent les humains

Selon une étude de l'université de l'État de l'Oregon, publiée le 11 août dernier dans la revue Nature, les moustiques qui propagent des maladies sont davantage susceptibles d'occuper des zones modifiées par les activités humaines - en raison de l'usage de pesticides ou de la destruction du milieu naturel - que les zones préservées. Ils ont fait ce constat en travaillant dans un parc national en Afrique du sud où ils ont remarqué une nette différence d'abondance et d'espèces de moustiques entre l'intérieur et l'extérieur du parc naturel. Ainsi les moustiques tigres sont plus nombreux en ville plutôt que dans le parc naturel.

"Les gens portent attention à l'environnement nécessaire au lion - et nous avons fait des recherches approfondies sur ce point -, mais beaucoup moins sur celui des moustiques, pointe le docteur Brianna Beechler écologiste des maladies co-auteur de cette étude et assistante professeure au Collège de médecine vétérinaire Carlson de l'université d'État de l'Oregon. Nous ne les comprenons pas comme un groupe d'espèces et en quoi leur écosystème diffère d'une espèce à l'autre."

Plus courants en ville que dans la nature

Ces scientifiques ont notamment noté que les populations humaines affectent l'habitat des moustiques et leur mode de reproduction. Par exemple, l'utilisation de pesticides se propage dans les étangs et autres petits plans d'eau, tuant les poissons et éliminant les prédateurs naturels qui autrement mangeraient les larves de moustiques et maintiendraient la population d'insectes à un faible niveau. Ainsi ils ont découvert qu'il y avait 3 fois plus de moustiques en dehors du parc naturel que dedans et que parmi cette nuée les moustiques qui propagent des maladies aux humains sont plus courant en ville que dans la nature. "Cela semble suggérer que les espèces de moustiques porteurs de maladies ont certainement mieux réussi dans les environnements modifiés par l'homme" conclue-t-elle.