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Le Jour d'Après

Le Pr Jean-François Bergmann : "En France, le poids du technico-règlementaire rend la recherche clinique difficile"

Par Thierry Borsa

Au lendemain d'une crise sanitaire historique, le Dr Jean-François Lemoine reçoit les grands acteurs du monde de la santé. Aujourd'hui, le Professeur Jean-François Bergmann. Sur l'affaire « Raoult », la place de la France dans la recherche médicale, les relations médecins-industrie pharmaceutique, il livre sa vision sur l’avenir du progrès thérapeutique. Avec, pour lui, la nécessité de placer le bénéfice pour le patient au coeur du débat.

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Ne pas confondre vitesse et précipitation pourrait être la devise du professeur Jean-François Bergmann. C'est en tout cas ce principe qui a motivé ses interventions durant la crise du coronavirus dans le débat sur l'hydroxychloroquine. A l'opposé d'un Pr Didier Raoult défenseur de l'action face à l'urgence, l'ancien vice-président de la commission des autorisations de mise sur le marché de l'ANSM a pris le parti de préconiser une démarche plus orthodoxe reposant sur de vraies études cliniques. "Essayer, c'est respectable si cela ne gène pas la démonstration de la preuve car c'est la preuve qui génère la confiance", affirme-t-il aujourd'hui en continuant de dénoncer le "fanatisme" et le "sensationnel" qui ont caractérisé selon lui la posture du patron marseillais.

Et pourtant, s'il est exigeant sur le respect de ses règles, le Professeur Bergmann n'est pas tendre avec la recherche clinique "made in France". "On pourrait rêver qu'elle soit plus agile ...", admet-il face à l'absence de résultats de la grande étude européenne Discovery lancé en avril dernier sur l'efficacité et la pertinence de différents traitements pour lutter contre la Covid-19. Avant d'appuyer son propos d'une remarque beaucoup plus sévère : " En France, le poids du technico-réglementaire rend la réalisation d'essais cliniques laborieuse !".

Mieux valoriser la recherche clinique

C'est d'ailleurs sur ce registre qu'il place ses priorités au moment où notre système de santé réfléchit à son avenir dans le cadre d'un "Ségur" qui doit lui permettre de chasser ses principaux démons. "Il faut trouver un moyen pour que la recherche clinique soit mieux valorisée et, pour les nouveaux traitements, peut-être envisager une évaluation en deux temps en y associant davantage ceux qui ont un lien d'intérêt avec l'industrie, même s'ils n'ont pas à prendre part à la décision".

Iconoclaste ! Même si le Pr Bergmann précise tout de suite que, face à des laboratoires qui "parlent souvent d'innovation pour de simples avancées dans le mécanisme d'action d'un médicament", le rôle du médecin doit être de ne s'attacher "qu'au progrès pour le patient". Mais une telle évolution lui semble nécessaire face à des structures "tétanisées" sur ce sujet, pour, dit-il, "apporter un peu d'oxygène dans tout cela".

Il se présente d'ailleurs comme dénué de toute naïveté vis à vis de l'industrie et le rappelle en évoquant les priorités promises par certains laboratoires sur la fourniture d'un vaccin "anti-Covid" le jour où il existera. "L'industrie fait parfois plus de marketing de niche qu'elle se préoccupe de la santé publique ... cela me désespère!", lance-t-il. Au cas où certains douteraient encore de la probité du Pr Jean-François Bergmann.