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Dépistage

Maladies cardiovasculaires et cancers : des tests génétiques pour repérer les variants pathogènes aideraient au dépistage

Par Floriane Valdayron

Dans la pratique clinique actuelle, seuls les antécédents familiaux sont pris en compte pour détecter les maladies cardiovasculaires et les cancers. Pourtant, généraliser l'usage des tests génétiques serait plus fiable. C'est ce que révèle une étude menée aux États-Unis.

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Certains changements génétiques, appelés “variants pathogènes”, augmentent considérablement le risque de développer des maladies cardiovasculaires ainsi que des cancers. Si le dépistage visant à identifier les porteurs n'est pas compris dans la pratique clinique actuelle, des chercheurs majoritairement issus du Massachusetts General Hospital se sont intéressés aux bénéfices que présentent les tests génétiques. Leurs conclusions ont été exposées dans une étude publiée par la revue médicale JAMA Network Open.

0,9% des participants étaient porteurs d'un variant pathogène

Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques ont analysé les données de 49 738 adultes âgés de 40 à 69 ans. Leurs antécédents familiaux ont été transmis, de même que le séquençage de leur exome, soit l’ensemble des parties codantes de leur génome. À partir de cette dernière information, les chercheurs se sont intéressés à trois maladies génétiques en particulier : l’hypercholestérolémie familiale — qui prédispose aux maladies cardiovasculaires — le cancer héréditaire du sein et des ovaires, ainsi que le syndrome de Lynch — qui prédispose aux cancers colorectaux et utérins.

Résultat : 0,9% des participants se sont révélés être porteurs d'un variant pathogène. Pour 0,3% d'entre eux, ils sont concernés par l’hypercholestérolémie familiale, 0,5% par le cancer héréditaire du sein et des ovaires et 0,2% par le syndrome de Lynch. De plus, le risque de maladies associées est considérablement plus élevé pour ces individus. Il s'élève à 21% pour les porteurs du premier groupe (contre 9% pour les non-porteurs), à 28% pour ceux du deuxième (contre 8% pour les non-porteurs) et à 22% pour ceux du troisième (contre 2% pour les non-porteurs).

60% des porteurs d'un variant pathogène n'avaient pas d'antécédents familiaux

“Ce qui était vraiment frappant était que le simple fait de prendre les antécédents familiaux — comme je le fais actuellement dans ma pratique clinique — n’aurait pas permis d'identifier la plupart des personnes à haut risque", assure Amit V. Khera, auteur principal de l'étude et chef d’un groupe de recherche au Massachusetts General Hospital, dans un communiqué publié sur le site de l'établissement.

En effet, seulement 40% des personnes porteuses d’un variant pathogène ont signalé l'existence d'un parent, d'un frère, ou d'une sœur ayant été touché par la maladie associée. “Sans compter que les informations étaient complémentaires : ceux qui avaient à la fois des antécédents familiaux et un variant pathogène étaient les plus à risque", indique Amit V. Khera.

S'il est identifié, le risque peut être réduit par diverses interventions 

“Les tests génétiques sont actuellement utilisés principalement chez les personnes déjà malades, mais ces données montrent vraiment le potentiel de dépister des populations beaucoup plus larges”, ajoute le docteur Aniruddh Patel. Car, s'il est identifié, le risque peut être réduit par diverses interventions, à l'instar des médicaments visant à diminuer le taux de cholestérol, d'un dépistage précoce par mammographie ou coloscopie, ou encore d'interventions chirurgicales telles que la mastectomie et l'ablation des ovaires. 

Désormais, les chercheurs procèdent à des tests génétiques dans une étude menée sur des milliers de participants. Objectif : identifier les porteurs de variants pathogènes afin de travailler avec eux et leur équipe de santé pour empêcher la maladie de se développer.