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Covid-19 : des facteurs génétiques aggravent-ils la maladie ?

Par Mégane Fleury

Les cas graves chez des patients sans comorbité et âgés de moins de 50 ans interrogent des chercheurs de l’Institut des maladies génétiques Imagine. 

Gorodenkoff/iStock

Des personnes très jeunes sont décédées du coronavirus. Aux États-Unis, un bébé de six semaines a succombé à la maladie au début du mois d’avril. Ces cas suscitent les interrogations des chercheurs : pourquoi des cas graves se développent chez des personnes jeunes et sans comorbidité ? La réponse pourrait être dans nos gènes. Des scientifiques français, de l’Institut des maladies génétiques Imagine, s’y intéressent.

Une étude en cours 

La variabilité observée au cours de l'exposition et de l'infection par le SRAS-CoV-2 rend très probable l'existence de facteurs génétiques humains influençant la réponse à ce virus”, explique Laurent Abel, co-fondateur du Laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses, dans un communiqué. Cela signifie que la gravité de la maladie chez certaines personnes pourraient être liée à des particularités génétiques présentes depuis la naissance.

“À Paris, nous avons déjà enrôlé une centaine de malades et procédé au séquençage d’une quarantaine de génomes”, explique Jean-Laurent Casanova, directeur d’un laboratoire de recherche Inserm à l’Institut Imagine et au Howard Hughes Medical Institute de New-York, à La Croix. L’analyse des génomes prendra du temps, mais si le lien entre génétique et gravité de la maladie est prouvé, cela pourrait permettre de mieux la prévenir voire de la guérir pour les personnes les plus à risques. 

Des liens déjà prouvés entre génétique et maladie infectieuse 

Les équipes de Jean-Laurent Casanova et de Laurent Abel se sont précédemment intéressées aux liens entre génétique et infections en les appliquant à la grippe, la tuberculose et l’herpès. "C’est en étudiant le génome d’une fillette, qui à l’âge de 2 ans et demi avait contracté une forme très sévère de grippe nécessitant son hospitalisation en service de réanimation pédiatrique, que nous avons trouvé l’origine de cette vulnérabilité, raconte Jean-Laurent Casanova. Elle avait hérité d’un allèle muté du gène codant pour le facteur de régulation IRF7 de chacun de ses deux parents. Il s’ensuit une perte de production des interférons entrainant en cascade de nombreuses perturbations dans son système de défense contre l'infection par le virus de la grippe.”

Chaque année, entre 2 et 8 millions de personnes contractent la grippe en France, mais 90 % des personnes qui en meurent sont âgées.