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Alternative à l'insuline

Diabète : faire pousser une protéine dans la laitue pour guérir les fractures ?

Par Raphaëlle de Tappie

Grâce à des protéines spécifiques introduites dans des cellules végétales, des chercheurs américains pourraient ouvrir la voie à une thérapie orale peu coûteuse, capable de guérir les os plus rapidement chez les personnes diabétiques qui souffrent de fractures. 

chengyuzheng/iStock
Les diabétiques sont plus exposés aux fractures
Un médicament à bas de feuilles de laitue a montré son efficacité dans la régénération des os

Environ 425 millions de personnes seraient atteintes de diabète dans le monde. La maladie peut entraîner de nombreuses complications telles que le pied diabétique, la cécité, des accidents vasculaires cérébraux, des problèmes d’érection, l’insuffisance rénale. Les diabétiques sont également plus exposés au risque de se casser un os et, quand cela arrive, ils mettent plus de temps à guérir. A l’heure actuelle, les personnes concernées doivent se rendre régulièrement à l’hôpital où on leur administre des injections d’insuline. Malheureusement, l’insuline est chère à produire, nécessite un stockage et un transport au froid, et des injections stériles, réalisables seulement par aiguille. Toutefois, grâce à des protéines spécifiques introduites dans des cellules végétales, des chercheurs pourraient ouvrir la voie à une thérapie orale pouvant guérir les os plus rapidement chez les personnes diabétiques, et à moindre coût. Les résultats de leur étude sont parus dans la revue Biomaterials.

Au cours des 50 dernières années, les injections d'insuline humaine, fabriquée à partir de levures ou de bactéries, ont sauvé des millions de vies, mais ces produits ne sont pas abordables pour plus de 90% de la population diabétique mondiale”, explique le docteur Henry Daniell, auteur correspondant de l’étude, au site Medical News Today, précisant que le prix de l’insuline a doublé aux Etats-Unis au cours des cinq dernières années.

Son équipe et lui ont donc voulu trouver une solution abordable et pratique, que les malades pourraient réaliser de la maison pour stimuler la croissance des cellules de construction osseuse et la régénération des os.  

Un médicament conservable trois ans  

Pour leur étude, les chercheurs de l’université de Pennsylvanie à Philadelphie (Etats-Unis) ont introduit le facteur de croissance analogue à l’insuline humaine, IGF-1, une protéine qui joue un rôle essentiel dans le développement et la régénération des muscles et des os. Ils ont réussi à exprimer IGF-1 et CTB, une protéine aidant à transporter celles fusionnées dans la circulation sanguine depuis le système digestif, dans des feuilles de laitues, retirant au passage le gène de résistance aux antibiotiques.

Après que la laitue a poussé, les chercheurs ont lyophilisé les plantes et réduit les feuilles en poudre. Ils ont alors pu créer un médicament conservable trois ans : la protéine reste stable pendant des années, sans qu’il soit nécessaire de stocker les feuilles lyophilisées au froid ou de les transporter. Les scientifiques ont choisi des feuilles de laitue car ces dernières sont très fines, faciles à sécher et sans danger, explique Daniell à Medical News Today.

“Beaucoup de diabétiques pourraient bénéficier de cette thérapie”

En donnant le médicament à des souris une fois par jour, les scientifiques ont constaté une augmentation de l’IGF-1 chez les animaux. Les souris diabétiques ayant consommé le traitement ont alors montré des signes de guérison accélérée des os. 

C'est étonnant de voir l'influence d'une protéine sur la guérison des fractures, se félicite Henry Daniell. La délivrance de ce nouvel IGF-1 humain par la consommation de laitue est efficace, facile à administrer et constitue une option intéressante pour les patients. L'étude fournit une nouvelle option thérapeutique idéale pour les fractures diabétiques et autres maladies musculo-squelettiques. Nous espérons trouver des partenaires pour faire avancer ce travail car il y a beaucoup de personnes diabétiques qui pourraient bénéficier d'une thérapie comme celle-ci”, poursuit-il.

Dorénavant, les chercheurs comptent continuer à développer l'IGF-1 dans des plantes pour une utilisation clinique, non seulement pour la guérison des fractures osseuses, mais aussi pour des problèmes tels que l'ostéoporose et la régénération des os après un cancer. 

Deux types de diabète différents  

Il existe deux types de diabète : le diabète de type 1 dit maigre et le diabète de type 2, dit gras. Le premier affecte environ 10% des malades et est causé par une réaction auto-immune qui détruit partiellement ou entièrement les cellules bêta du pancréas ayant pour rôle de synthétiser l’insuline. Ainsi, le pancréas ne sécrète plus ou pas assez d'insuline, hormone pourtant indispensable à l’utilisation du glucose sanguin par l’organisme comme source d’énergie. Le diabète de type 1 apparaît souvent de manière brutale chez l’enfant ou le jeune adulte sans que l’on sache vraiment pourquoi (le facteur génétique est possible). La maladie se manifeste par une émission d’urine excessive, une soif intense et un appétit anormalement augmenté malgré la maigreur des patients. Ceux-ci doivent régulièrement contrôler leur glycémie et s’injecter de l’insuline plusieurs fois par jour. 

Le diabète de type 2 se caractérise par un mauvais fonctionnement des cellules bêta censées fabriquer l'insuline. Cette dernière ne peut donc pas réguler le sucre correctement dans l'organisme, ce qui entraîne une augmentation de la glycémie. La maladie peut avoir une origine génétique ou survenir, le plus souvent après 40 ans, chez les personnes en surpoids ou obèses, qui manquent d’activité physique et/ou souffrent d’une alimentation déséquilibrée. Dans 80% des cas, la maladie pourrait être évitée, selon le site Diabete.fr. Dans un premier temps, la maladie, évolutive, est traitée par des mesures hygiéno-dététiques. Puis, le médecin prescrit des traitements antidiabétiques. Si la carence en insuline reste trop importante, des injections d’insuline seront ensuite proposées. Toutefois, pour que ces traitements fonctionnent, le patient doit les associer à une alimentation équilibrée et à une activité physique régulière.