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La chronique du Docteur Lemoine

Le muscle est un moteur complexe

Par le Dr Jean-François Lemoine

Le muscle est fait d’une multitude de fibres qui ont besoin d’énergie pour se contracter. L’énergie provient de quatre réservoirs, qui permettent de comprendre à quel moment on "tape" dans la graisse... Un exemple : la course à pied.

cudazi / iStock

Les deux premières secondes, le muscle fonctionne avec un carburant présent en permanence, pour assurer les réflexes de défense. Ce carburant s’appelle l’ATP. C’est le carburant de l’effort bref et violent.

À la troisième seconde, le réservoir est vide, mais le muscle possède ses propres réserves, une substance qui se dégrade très vite en ATP. Là encore, le réservoir n’a pas une grosse autonomie et n’offre que 5 à 6 secondes d’énergie. Dans le meilleur des cas, Usain Bolt n’a pas encore passé la ligne d’arrivée, d’autant plus s’il s’agit d’un 200 mètres !

La source d’énergie, qui va prendre le relais des deux premières, a besoin d’être un peu plus conséquente, parce que le corps vient de prendre conscience que l’effort risque de durer. Ce carburant, tout le monde le connaît : c’est le sucre. Il est présent, lui aussi, en petites quantités dans le sang. Suffisamment pour quelques secondes d’effort supplémentaires. Il est aussi stocké, dans le foie en particulier, sous forme de glycogène, qui, en quelques secondes, grâce à des réactions chimiques complexes mais instantanées, est transformé en sucre, donc en énergie pour le muscle.

Ces trois étapes permettent au coureur d’atteindre la limite des 400 mètres. Pas au-delà.

Pour des distances supérieures, le corps utilise une quatrième solution, celle du « brûleur », c’est-à-dire qu’il va utiliser l’oxygène de la respiration pour attaquer les réserves de glycogène. Cela explique d’ailleurs pourquoi, théoriquement, les sprinters n’ont pas besoin de respirer pendant leur effort. Au-delà, s’ils ne le font pas, ils s’écroulent…

Le glycogène, dont le corps dispose en stock assez important, se dégrade, avec l’oxygène, en deux substances : la première va donner naissance au sucre ; l’autre s’appelle l’acide lactique et n’est qu’un déchet qui, lui, donnera naissance… aux crampes !

L’oxygène va permettre d’utiliser à fond les réserves de glycogène qui ne sont cependant pas illimitées. Passé un certain temps, qui varie d’un individu à l’autre, mais que l’on estime compris entre 30 et 45 minutes, il est épuisé. C’est l’instant où, pour poursuivre son effort, l’organisme tape dans les vraies réserves : les graisses !

Les conclusions de ce petit cours de physiologie sportive :

 Les réserves :

Réserves de glycogène « mobilisables » dans le corps

Energie en réserve : 1500 à 2000 kcal, soit de quoi faire 30 kilomètres de marche à vitesse moyenne sans prendre aucune alimentation.

Docteur Jean-François Lemoine

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