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Sexualité

Des rapports sexuels hebdomadaires pour retarder la ménopause ?

Par Raphaëlle de Tappie

Plus une femme a des rapports fréquemment, plus la ménopause arrive tard, son corps préférant investir dans l'ovulation, selon une nouvelle étude américaine. 

torwai/iStock

Voilà qui devraient réjouir les femmes très actives sexuellement. Selon une étude parue ce mercredi 15 janvier dans la revue Royal Society Open Science, plus une femme fait l’amour fréquemment, plus cela retarderait sa ménopause. Cela pourrait s'expliquer car quand une femme a peu de rapports, son corps préfère ne pas investir dans l'ovulation. 

Ici, pour aller plus loin, des chercheurs ont examiné les données de près de 3 000 femmes américaines, recrutées entre 1996 et 1997. A ce moment-là, aucune des participantes n’étaient encore entrée en ménopause mais 46% d’entre elles commençaient à ressentir des changements de cycles menstruels et des bouffées de chaleur.

Pendant une décennie, les femmes ont dû répondre à plusieurs questions concernant la fréquence et la nature de leurs rapports sexuelles. Au cours de cette période, 45% des femmes ont connu une ménopause naturelle (absence de menstruation pendant au moins 12 mois consécutifs), à un âge moyen de 52 ans.

Pas d’influence des phéromones

En modélisant la relation entre la fréquence des rapports sexuels et l'âge de la ménopause naturelle, les chercheurs ont constaté que les femmes de tout âge ayant des rapports sexuels hebdomadaires avaient un rapport de risque de 0,72, tandis que celles qui avaient des rapports sexuels mensuels avaient un rapport de risque de 0,81. Ainsi, les femmes de tout âge ayant des relations sexuelles chaque semaine seraient 28% moins susceptibles de connaître la ménopause que les celles qui font l’amour une fois par mois. Ces dernières auraient quant à elles 19% moins de chances d’être ménopausées à tout âge que celles qui ont des rapports moins d’une fois par mois. 

“Les résultats de notre étude suggèrent que si une femme n'a pas de rapports sexuels, et qu'il n'y a aucune chance de grossesse, alors le corps ‘choisit’ de ne pas investir dans l'ovulation, car ce serait inutile. Il peut y avoir un compromis biologique énergétique entre l'investissement d'énergie dans l'ovulation et l'investissement dans d'autres domaines, comme le fait de rester active en s'occupant de ses petits-enfants. L'idée que les femmes cessent d'être fertiles afin d'investir plus de temps dans leur famille est connue sous le nom d'Hypothèse de la grand-mère, qui prédit que la ménopause a évolué à l'origine chez les humains pour réduire le conflit reproductif entre les différentes générations de femmes, et permettre aux femmes d'augmenter leur condition physique inclusive en investissant dans leurs petits-enfants”, explique la doctorante Megan Arnot (UCL Anthropologie), autrice principale de l’étude.

Bien que toutes les femmes interrogées aient déclaré des relations hétérosexuelles, on ignore si l’activité homosexuelle aurait un effet similaire. Qui plus est, contrairement à ce que suggéraient des études précédentes, aucun lien n’a été observé entre la présence d’hommes à demeure et les signaux chimiques subliminaux que ces derniers pourraient envoyer. “Nous n'avons trouvé aucune preuve de l'hypothèse des phéromones”, notent donc les auteurs.

“Le moment de la ménopause peut être adaptatif”

Et le professeur Ruth Mace (UCL Anthropologie) de conclure : “La ménopause est, bien sûr, une fatalité pour les femmes, et il n'y a aucune intervention comportementale qui empêchera la cessation de la reproduction. Néanmoins, ces résultats sont une première indication que le moment de la ménopause peut être adaptatif en réponse à la probabilité de devenir enceinte.”

Cette étude renforce l’idée selon laquelle les facteurs génétiques ne comptent que pour environ la moitié des différences d’âge de la ménopause pour les femmes. D’autres facteurs, comme l’alimentation par exemple, rentrent également en jeu.  

Ainsi, d’après une étude parue en mai 2018 dans le Journal of Epidemiology & Community Health, un régime alimentaire riche en poissons gras (3,3 ans de retard par portion/jour) et en légumineuses fraîches (0,9 ans de retard par portion/jour) retarderait l’arrivée de la ménopause, tout comme une alimentation riche en vitamine B6 (0,6 ans de retard par mg/jour) et en zinc (0,3 ans de retard par mg/jour). A l’inverse, une consommation plus élevée de pâtes et de riz serait associée à une ménopause naturelle plus précoce (-1,5 ans par portion/jour), tout comme celle de collations salées (-1,0 ans par portion/jour).