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Révolutionnaire

Il guide son exosquelette par la pensée: un tétraplégique arrive à marcher

Par Raphaëlle de Tappie

En France, un jeune tétraplégique de 28 ans a réussi à marcher à nouveau en contrôlant un exosquelette grâce à des dispositifs implantés il y a deux ans dans son cerveau. 

Capture d'écran/YouTube@The Lancet

Une avancée révolutionnaire. Chez les personnes tétraplégiques, les lésions traumatiques, partielles ou complètes, de la moelle épinière rendent impossible la commande nerveuse des quatre membres. Pour limiter la dépendance et faciliter la mobilité des patients en situation de handicap moteur sévère, des chercheurs français ont mis au point une neuroprothèse, qui recueille, transmet et décode en temps réel les signaux cérébraux pour contrôler un exosquelette. Il suffit donc de penser "je veux bouger le bras droit", pour que le bras du robot bouge, et ce, en temps réel. Grâce à cette prouesse technologique, un jeune Lyonnais paralysé de 28 ans a réussi à marcher à nouveau, se félicitent les scientifiques dans un article paru ce 4 octobre dans The Lancet Neurology 

Pour leur essai clinique "Brain Computer Interface", les chercheurs ont recruté Thibault, entièrement paralysé suite à une lésion de la moelle épinière. En juin 2017, le professeur Stephan Chabardes, neurochirurgien au CHU de Grenoble a implanté deux dispositifs (WIMAGINE®) comportant 64 électrodes chacun, sur chaque hémisphère de son cerveau, au niveau de son cortex sensori-moteur. Les scientifiques avaient alors beaucoup communiqué là-dessus dans la presse

Suite à l’opération, le patient s’est entraîné, pendant plus deux ans, à piloter mentalement l’exosquelette par le biais de divers exercices. Chez lui, il a appris à faire bouger, par la pensée, des éléments virtuels, tels qu’un avatar d’exosquelette. Parallèlement, une semaine par mois, il se rendait à Clinatec, un centre de recherche biomédicale du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), à Grenoble (Isère), pour piloter un robot réel. A force de travail, il a fini par acquérir une certaine "dextérité", se félicitent les chercheurs. Aujourd’hui il est donc capable d’avancer les jambes, de plier le coude ou encore de lever les épaules.

"Un message d’espoir"

A l’heure actuelle, seul Thibault a pu tester cette technologie. "C’est un message d’espoir pour les personnes dans le même état que moi : il y a des choses possibles, même si on a un gros handicap", explique le jeune homme cité par Ouest-France. Mais maintenant que les chercheurs ont prouvé que leur technologie pouvait fonctionner, trois autres patients devraient suivre.

D’après le Professeur Benabid, "ce dispositif est une avancée importante pour l’autonomie des personnes handicapées". "Nous sommes très fiers de cette preuve de concept et réfléchissons déjà à de nouvelles applications pour faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap moteur sévère", explique-t-il dans un communiqué de presse sur le site du CEA. Si ces travaux aboutissent, d’ici quelques années, certaines d’entre elles pourraient ainsi diriger par la pensée un fauteuil roulant ou guider un bras motorisé, grâce à l’implantation d’un capteur.

Des implants pour améliorer le quotidien des patients

En 2018, des chercheurs de l’Université de Standford, aux Etats-Unis, avaient réussi à faire surfer sur Internet trois patients tétraplégiques grâce à un implant. Conçu en partenariat avec l'entreprise BrainGate, ce dispositif fonctionne à partir de réseaux d'électrodes en connexion avec la zone du cerveau qui gère les mouvements. Les capteurs décodent et transmettent le message du cerveau jusqu'à l'appareil, en l'occurrence une tablette, ce qui permet aux patients d'utiliser Internet par la simple pensée. 

"Cette étude est une autre étape vers l'utilité croissante des interfaces cerveau-ordinateur intracorticale en tant qu'appareils potentiels d'assistance, de communication, d'éducation, de contrôle environnemental et de divertissement pour les personnes paralysées", se félicitaient les auteurs de l’étude.

(Voir ci-dessous Thibault contrôler l'exosquelette) :