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Saison des festivals

Drogues : les Américains ont tendance à consommer pour la première fois au cours de l'été

Par Raphaëlle de Tappie

Aux Etats-Unis, où le nombre de morts par overdoses ne cesse d'augmenter, la population est plus susceptible de consommer de la drogue pour la première fois au cours de l'été, révèle une nouvelle étude. 

shanecotee/iStock

Aux Etats-Unis, le nombre de morts par overdoses de drogue va en s’intensifiant depuis le début des années 2000. En 2017,  70 000 Américains seraient morts par overdose, soit 10% de plus qu’en 2016. Alors que 27 000 de ces décès ont été provoqués par la consommation de substances non-opiacées telles que la cocaïne, la métamphétamine et autres psychostimulants dont la MDMA, l’augmentation est largement due à la catégories des opiacés. Parmi ces derniers, l'héroïne, la morphine, et les opiacés semi-synthétiques comme l'oxycodone, un anti-douleur prescrit sur ordonnance mais largement détourné sur le marché noir.

Dans un pays en pleine crise, les chercheurs essayent de comprendre quand et comment les Américains franchissent le cap de la première consommation de drogue. D’après une nouvelle étude parue le 23 juillet dans le Journal of General Internal Medicine, les adolescents et les adultes sont plus susceptibles d’essayer des drogues illégales ou récréatives pour la première fois au cours de l’été, saison des festivals. 

La tentation de l'été

Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs de l’école de médecine de New York ont étudié des données collectées par le Sondage national sur la consommation de drogue et la santé entre 2011 et 2017. Ce dernier recueillait les données de 394 415 personnes de 12 ans et plus. Les participants avaient été interrogés sur leur consommation de drogues diverses via une interview en ligne. Les nouveaux utilisateurs étaient notamment questionnés sur le mois et l’année où ils avaient commencé. Résultats : un tiers des initiés récents au LSD ont consommé cette drogue la première fois au cours de l’été. Respectivement 30%, 30% et 28% des consommateurs de de marijuana, d’extasie et de cocaïne avait également commencé pendant cette période. 

"Les utilisateurs qui consomment pour la première fois peuvent ne pas connaître les effets de drogues diverses donc il est important de comprendre quand les gens commencent à avoir ce genre de comportements", explique Joseph J. Palamar, assistant professeur qui a mené l’étude. Ces résultats pourraient s’expliquer, d’une part par les gens qui ont plus de temps libre pour s’amuser au cours de l’été et d’autre part par la popularité grandissante d’activités extérieures tels que les festival de musique où la consommation de drogue est monnaie courante. 

Déterminer les situations particulières où les gens consomment pour la première fois 

"Les parents et les éducateurs inquiets pour leurs enfants doivent les éduquer sur les potentiels risques associés à l’utilisation de drogue mais il semblerait qu’il faille insister avant ou pendant l’été où le taux d’initiation augmente", explique Palamar. Se basant sur de précédentes recherches, il recommande également d’être en compagnie d’amis de confiance quand on prend de la drogue pour la première fois. Il est également indispensable de boire assez de fluides et de se reposer suffisamment pour éviter la déshydratation, l’épuisement ou des effets secondaires plus sérieux comme une crise d'insolation, rappellent les auteurs de l’étude. 

Des recherches plus approfondies sont désormais nécessaires afin de déterminer les situations particulières, surtout au cours de l’été, où les gens sont plus susceptibles de consommer de la drogue pour la première fois et à quel point cela était prévu ou pas. 

Une consommation de drogues de plus en plus courante en France

En France, où la prescription du cannabis thérapeutique sera bientôt à l’essai, la consommation de cette drogue récréative représente plus de 80% de l’ensemble des stupéfiants avec 3,9 millions de consommateurs dont 1,2  millions de consommateurs réguliers (dont 30% de jeunes adultes). Environ 1/3 d’entre eux ont une consommation problématique et 10% se trouvent au stade de la dépendance, selon le site alcoolassistance.net. Chez les adolescents, l’utilisation de marijuana est un vrai problème. A l’âge de 16 ans, les jeunes Français sont les premiers consommateurs d’Europe. Par ailleurs, 38% des  15-16 ans  scolarisés ont expérimenté au moins une fois le  cannabis. Parmi les 18-25 ans, 56% d'hommes l'ont déjà essayé, contre 39% de femmes. Chez les 15-64 ans, 4,2% d'hommes et 1,2% de femmes en ont un usage courant. Toutefois, après 30 ans, la plus grande partie des consommateurs réguliers abandonnent. 

La cocaïne quant à elle a depuis longtemps dépassé les milieux privilégies et touche désormais de nombreux Français. Selon le rapport de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) paru en avril 2019, plus d′1,5% des personnes interrogées déclarent avoir pris de la cocaïne au cours de l’année. Un record, qui s’explique en partie par "une disponibilité accrue de ces produits et l’image positive dont ils bénéficient", d’après le rapport. En 20 ans, la part des 18-24 ans ayant expérimenté la cocaïne dans l’Hexagone a doublé. Selon le Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité (Sirasco), cela s’explique car le marché de la "poudre blanche" est de plus en plus accessible. 

On assiste également à une consommation non négligeable d’ecstasy ou nouvelles drogues de synthèses lors des festivals ou de soirées en boîte de nuit. Bien que les spécialistes ne cessent de mettre en garde contre leurs effets psychiques et neurologiques, en 2014, 4,3 % des 18-64 ans ont expérimenté la MDMA/Ecstasy, soit environ 1,6 million de personnes. Les tranches d’âge les plus concernées sont les 26-34 ans (8,5 %) et les 18-25 ans (7,0 %). En 2017, l’expérimentation s’établissait à 3,4% chez les jeunes de 17 ans (3,9 % des garçons et 2,8 % des filles), soit un léger recul recul par rapport à 2014, où elle concernait 3,8 % de ces adolescents.

Enfin, après un temps d’évolution constant entre 2000 et 2005, le niveau de consommation de l’héroïne s’est accru jusqu’en 2008 et se trouve aujourd’hui de nouveau dans une phase de stabilité depuis, notamment chez les garçons. A l’heure actuelle, le seuil d’expérimentation dans l’Hexagone se situe à 1,5 % pour l’ensemble de la population.