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7000 personnes interrogées

Le stress ressenti augmente le risque d'infarctus

Par Afsané Sabouhi

Les personnes convaincues que leur niveau de stress affecte leur santé ont deux fois plus de risques de mourir d’un infarctus que celles qui n'en ont pas conscience.

OJO Images / Rex Featur/REX/SIPA

La petite voix hypocondriaque qui vous rappelle à l’ordre quand le stress vous gagne mériterait d’être davantage écoutée. Des chercheurs de l’Inserm viennent de mettre en évidence que le risque de mourir d’un infarctus augmente avec le niveau de stress ressenti. Plus de 7000 personnes ont été interrogées sur le stress qu’elles ressentaient et leur estimation de l’impact qu’il avait sur leur santé.
Résultat après plus d’une dizaine d’années de suivi, les personnes ayant déclaré au début de l’étude que leur santé était beaucoup ou extrêmement affectée par le stress avaient un risque de mourir d’une crise cardiaque multiplié par 2 par rapport à celles qui n’avaient signalé aucun effet du stress sur leur santé. Lorsque l’analyse statistique écartait les facteurs biologiques, comportementaux ou psychologiques susceptibles de faire varier le risque cardiovasculaire, le risque de décès par infarctus restait majoré de 50% pour les personnes convaincues du danger de leur niveau de stress par rapport aux non stressés.

 

Ecoutez Hermann Nabi, épidémiologiste au Centre de recherche INSERM en épidémiologie et santé des Populations à Villejuif : « Les gens sont d’assez bons juges de l’impact du stress sur leur santé. Lorsqu’ils y associent des symptômes physiques, ils ont souvent raison. »


On sait que l'effet du stress sur le cœur est double. D’une part, les personnes stressées ont tendance à multiplier les comportements nocifs pour leur santé cardiovasculaire. Pour « compenser » leur stress, elles fument plus, consomment plus d’alcool, d’aliments gras, salés ou sucrés et font moins d’activité physique. Et en parallèle, le stress agit directement sur le muscle cardiaque en augmentant la sécrétion d'une hormone: le cortisol.      

Les personnes inquiètes des conséquences de leur stress ont-elles une bonne perception du moment où il devient néfaste ou s'agit-il d’une crainte qui finit par se réaliser à force de s’angoisser ? L’étude ne permet pas vraiment de trancher. « Nos chiffres sont des moyennes, précise Hermann Nabi. Ils reflètent forcément la situation de personnes envahies par un tel stress qu’il en devient nocif pour leur cœur mais aussi celle des hypocondriaques dont les angoisses deviennent auto-réalisatrices ».

C’est finalement aux médecins de faire la part des choses lorsqu’une personne évoque des inquiétudes sur son état de stress en consultation. Il est difficile d’accorder une valeur clinique au ressenti puisqu’il est très variable d’un individu à l’autre. Mais plusieurs études ont déjà fait le lien entre le niveau de stress ressenti et le risque de dépression, de diabète ou de maladies cardiovasculaires.


Ecoutez Hermann Nabi
 : « Le simple ressenti Docteur, je ne vais pas bien est prédictif de mortalité. Les cliniciens doivent y prêter plus d’attention. »


« Par les temps qui courent, la question du stress doit certainement faire de plus en plus partie de l’interrogatoire classique des généralistes », insiste l’épidémiologiste. Cette étude montre que la réponse du patient, surtout s’il s’inquiète d’un effet pour sa santé ne doit pas être prise à la légère.