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Espoir

Cancer colorectal : un vaccin prometteur est à l'essai

Par Raphaëlle de Tappie

Aux Etats-Unis, des chercheurs ont testé avec succès un vaccin contre le cancer colorectal sur une dizaine de patients malades lors de la première phase de leur essai clinique. 

kuppa_rock/iStock

A l’heure actuelle, le cancer colorectal est le troisième plus courant dans le monde après le celui du sein et de la prostate et le deuxième plus meurtrier après celui du poumon. Mais une nouvelle étude pourrait bientôt changer la donne. En effet, des chercheurs américains ont mis au point un vaccin testé avec succès sur une dizaine de patients. Si l’étude n’en est qu’à sa première phase, ces résultats prometteurs ont été décrits dans le Journal of ImmunoTherapy of Cancer.

Aux Etats-Unis, des chercheurs de Jefferson (Université de Philadelphie et Université Thomas Jefferson) ont créé un vaccin qu’ils ont ensuite administré à dix patients atteints d’un cancer du colon de stade 1 ou 2. Un mois, 90 ou 180 jours plus tard, les participants ont fait des prises de sang. Grâce aux échantillons, les chercheurs ont pu voir que le vaccin avait activé la cellule T dans le sang des malades. Ainsi, cette dernière s’était mise en chasse des cellules cancéreuses pour les exterminer. Quant aux effets secondaires des participants, si quelques-uns se sont sentis faibles au moment de la piqûre, rien de sérieux n’a été rapporté par la suite. 

Dans le détail, le vaccin fonctionne en mobilisant le système immunitaire contre une molécule appelée GUCY2C, explique l’étude. Celle-ci est un marqueur de l’expression de la tumeur colorectale qui aide les cellules cancéreuses à se distinguer des cellules saines. Ici, les chercheurs ont associé GUCY2C à une autre molécule renforçant la réaction immunitaire dans le but que ce processus cible les cellules cancéreuses et les tue.

La phase deux de l’essai clinique devrait commencer dans quelques mois

"Cette étude majeure fournit la preuve qu’il pourrait être possible de diriger en toute sécurité le système immunitaire d’un patient pour chercher et détruire à ce type de cancer", se félicite Karen E. Knudsen, directrice du Centre contre le Cancer Sidney Kimmel à l’Institut de santé de Jefferson à à Philadelphie.

Grâce à ces résultats prometteurs, les chercheurs espèrent pouvoir bientôt entamer la phase deux de leur essai clinique. "Nous nous préparons à recruter des patients cet été", s’enthousiasme l’auteur principal de l’étude Adam Snook, professeur assistant au département de Pharmacologie et de Thérapies expérimentales à Jefferson. A terme, les scientifiques voudraient pouvoir développer une meilleure version du vaccin qui pourrait également servir à contrer d’autres types de cancers.

Car le cancer colorectal n’est pas le seul à exprimer la molécule GUCY2C. C’est aussi le cas des cancers gastrique, de l’oesphage et du pancréas. Soit un groupe de maladies qui comptabilise une mort sur cinq dans les décès liés à un cancer.

En France, 28 000 morts du cancer colorectal chaque année

En France, le cancer colorectal touche et tue chaque année respectivement 45 000 et 28 000 personnes. Une tragédie quand on sait que la maladie, diagnostiquée tôt, se guérit dans neuf cas sur dix. Elle est malheureusement souvent diagnostiquée trop tard en raison de l’absence de symptôme significatifs aux stades préliminaires. C’est pourquoi, les autorités sanitaires françaises invitent par courrier les personnes âgées de cinquante ans et plus à se faire dépister gratuitement tous les deux ans.

Et bien que la coloscopie soit le moyen le plus connu pour détecter les polypes avant qu’ils ne deviennent cancéreux, il existe aujourd’hui d’autres solutions moins invasives et toutes aussi efficaces. Si vous ne présentez pas de risque particulier nécessitant un suivi adapté, votre médecin pourra par exemple vous remettre un test immunologique à faire chez vous.