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Mauvaise fois risquée

Sommeil : les femmes refusent de l'admettre mais elles ronflent autant que les hommes

Par Raphaëlle de Tappie

D'après une récente étude israélienne, contrairement aux idées reçues, les femmes ronfleraient autant que les hommes mais refuseraient de l'admettre, ce qui à terme, pourrait être dangereux pour leur santé. 

LightFieldStudios/iStock

Voilà qui va restaurer l’équilibre dans la chambre à coucher. Dans un article publié en mars dans le Journal of Clinical Sleep Medicine, des chercheurs mettent fin à un mythe : non les hommes ne ronflent pas plus que les femmes.

Pour en arriver à cette conclusion, Nimrod Maimon, pneumologue à l’université Ben Gourion du Néguev en Israël et ses collègues, ont analysé les ronflements de 2000 personnes âgées de 49 ans en moyenne. Résultat : "il est apparu que les femmes et les hommes ronflaient autant les uns que les autres", à une intensité équivalente soit autour de 50 décibels, note l’étude. En revanche, à la question, "Pensez-vous que vous ronflez ?", la réponse n’était pas équilibrée, les femmes ayant plus tendance à répondre non que les hommes. Et pourtant : parmi les 28% des femmes qui étaient sûres de ne pas ronfler, près de la moitié ronflaient fortement, s’amusent les chercheurs.

Bien que ronfler puisse être très embêtant pour les autres, ce n’est pas grave pour la santé. Toutefois, quand les ronflements sont fréquents et forts, ils peuvent être le signe d’une apnée du sommeil, trouble qui touche officiellement entre 5 et 7% de la population.  

Un impact sur la qualité du sommeil et des risques pour la santé

Ce syndrome se manifeste par des arrêts involontaires de la respiration quand on dort. Ces poses respiratoires durent plus de dix secondes et se produisent plusieurs fois par nuit à fréquence variable. Elles sont considérées comme problématiques quand il y en a plus de cinq par heure. Chez certaines personnes, elles surviennent jusqu’à plus de trente fois par heure.

Non seulement l’apnée du sommeil a un impact sur la qualité du repos (le mécanisme réflexe inconscient qui permet de rétablir une respiration normal en rouvrant les voies aériennes se caractérise par des microréveils), mais il peut également être dangereux. En effet, en perturbant la respiration, il impacte le cœur et peut à force augmenter le risque d’arrêt cardiaque et d’accident vasculaire cérébral. Ainsi, ignorer que l’on ronfle peut poser un vrai problème, alertent les chercheurs de l’étude.

Les femmes déclarant moins leurs ronflements que les hommes, elles ont tendance à moins consulter pour ce symptôme. Et pourtant, l’étude le prouve : elles ne sont pas moins touchées, elles sont sous-diagnostiquées et donc moins prises en charge. "Il s’agirait d’une des barrières qui refrène les femmes de se rendre en clinique du sommeil", note Nimrod Maimon. "Etre au fait de cette contradiction pourrait augmenter le nombre de femmes à se rendre dans des cliniques du sommeil et améliorer le taux d’apnée du sommeil chez les femmes", se félicite l’étude.  

Des machines et appareils dentaires existent pour traiter l’apnée du sommeil

Et si vous ignorez ronfler, d’autres signes peuvent alerter sur une possible apnée du sommeil, rappellent les chercheurs. Fatigue au réveil, maux de tête, somnolence pendant la journée, difficulté de concentration ou encore baisse de libido sont également des symptômes de ce mal.

Autre effet secondaire grave mis en lumière par une étude réalisée en février : la perte de mémoire. D’après les chercheurs australiens en charge du projet, "les scintigraphies cérébrales des personnes atteintes d'apnée du sommeil montrent une perte importante de matière grise dans les régions qui chevauchent le réseau de la mémoire autobiographique". A terme, ce manque de souvenirs rendrait les patients plus vulnérables à la dépression.

Aussi, si vous avez peur de souffrir d’apnée du sommeil, rendez-vous chez un médecin qui vous orientera peut-être vers une clinique spécialisée. Car ce trouble se traite très bien. Parmi les solutions proposées : administration d’air par une machine ou encore appareil dentaire pour avancer la mâchoire et empêcher le relâchement des voies respiratoires. Il arrive également, dans les cas où la mâchoire est trop petite, que la chirurgie soit proposée. Quant aux ronflements, il y a deux ans, une équipe de chercheurs a mis au point un simple patch à appliquer sur la bouche pour favoriser une respiration par le nez afin d'en venir à bout. Certains exercices avec la langue peuvent également aider à les réduire

Rappelons enfin que l’obésité, l’alcool ou la prise de certains médicaments de la famille des anxiolytiques ou des somnifères peuvent aggraver les ronflements et l’apnée du sommeil.