ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Implants contraceptifs Essure : des patientes réclament une enquête pénale

Action en justice

Implants contraceptifs Essure : des patientes réclament une enquête pénale

Par Anaïs Col

Près de 70 patientes ont déposé une plainte pénale à cause d'effets secondaires survenus suite à la pose du dispositif contraceptif Essure. 

belenox /istock
MOTS-CLÉS :

Le dispositif Essure, dont le laboratoire Bayer a cessé la commercialisation en 2017, est une méthode contraceptive dite définitive qui consiste en l’introduction de micro-implants dans les trompes de Fallope par les voies naturelles, c'est-à-dire par le vagin et le col de l’utérus. Le tout sans incision.

Au cours des semaines suivant la pose, une réaction naturelle est censée se produire autour des micro-implants, ce qui bouche les trompes et fait barrage pour empêcher les spermatozoïdes d'atteindre l'ovule. La fécondation devient alors impossible. Mais de nombreuses femmes estiment que ces implants les ont "mises en danger". 

Une première plainte au pénal

Près de 70 patientes ont déposé plainte contre X auprès du pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille à cause d'effets secondaires (perforations d'organes, migration des implants, douleurs, fatigue, allergie, dépression...) liés à la pose de ce dispositif, selon l'AFP. Depuis 2016, plusieurs actions en justice ont été entreprises, mais aucune plainte n'avait été déposée au pénal jusque-là. 

"Nous déposons plainte contre X pour des faits susceptibles de revêtir des qualifications pénales comme la mise en danger, les blessures involontaires, la tromperie aggravée", détaille leur avocat Stephen Duval. "On ne désigne personne à la vindicte mais ces femmes qui ont été implantées et explantées, donc mutilées, cherchent des réponses".

Hémorragies, cancer, perforation de l'utérus

Comme l'explique le Parisien en effet, certaines de ces femmes ont vu leur vie basculer après la pose d'Essure : l'une des plaignantes a eu six ressorts implantés au lieu de deux et une autre a reçu le dispositif alors qu’elle souffre d’endométriose, une des contre-indications à la pose. Et pour cause : cette dernière a eu la paroi de l’utérus perforé. Sabine témoigne dans le quotidien et raconte son calvaire : des hémorragies, des crampes, des douleurs et finalement, un cancer, un lymphome agressif. Les médecins lui retirent l’utérus, le col et les trompes.

Aujourd'hui elle veut savoir si le métal contenu dans les implants est à l'origine de sa maladie.  "Je vis toujours cela comme une mutilation (...) J’aurais pu en rester là, mais le choc passé, la colère a grondé. Tant d’années gâchées. Cette plainte, j’en ai besoin pour me reconstruire". D'autres encore, ont été implantées malgré leur allergie au nickel. En octobre dernier, une jeune femme de 20 ans a perdu toute sensation dans une partie de son avant-bras gauche suite au retrait de son implant contraceptif.

Au total, entre 2003 et février 2017, 1087 femmes ont soit été confrontées à un dysfonctionnement du dispositif, soit à des d'effets secondaires indésirables, selon Brigitte Heuls, directrice des dispositifs médicaux thérapeutiques à l'ANSM. 682 problèmes ont été comptabilisés au cours des interventions et 457 incidents sont survenus après la pose, dont finalement 40 grossesses.