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Accidents cardiovasculaires

Même chez les jeunes, l’hypertension artérielle augmente les risques d'AVC

Par Jean-Guillaume Bayard

Faire de l’hypertension artérielle avant 40 ans augmente le risque d’accidents cardiovasculaires. Un lien qui amène à repenser le traitement de l’hypertension artérielle, dont les connaissances sont encore insuffisantes.

SARINYAPINNGAM/iStock

Deux études révèlent que les personnes de moins de 40 ans qui souffrent d’hypertension artérielle ont un risque plus élevé d’être victime d’un évènement cardiovasculaire : insuffisance cardiaque, accident vasculaire-cérébral (AVC) ou blocage des vaisseaux sanguins. Les résultats de ces études ont été publiés dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Traiter l’hypertension plus tôt pour plus d’efficacité

Ces conclusions conduisent les chercheurs à considérer que l’identification et le traitement de l’hypertension artérielle chez les plus jeunes pourraient avoir des bénéfices à long terme. Cela pourrait permettre de réduire les risques d’apparition d’évènement cardiovasculaire.

"Il s'agit d'une première étape pour déterminer si l'hypertension artérielle devrait préoccuper les personnes plus jeunes en tant que précurseur potentiel de problèmes graves", estime Yuichiro Yano, professeur au département de médecine familiale et communautaire de Duke, et principal auteur de l’étude.

Une étude observationnelle

Les recherches ont porté sur l’analyse de 4 800 adultes dont la pression artérielle a été mesurée avant qu’ils atteignent 40 ans. Parmi eux, environ la moitié sont des afro-américains et 55% sont des femmes. L’étude a été engagée en 1985 sur le développement du risque coronarien chez les jeunes adultes (Cardia).

Les participants ont été répartis en quatre groupes en fonction de leur niveau de pression artérielle. Le premier est constitué de ceux ayant une pression artérielle normale (pression artérielle systolique inférieure ou égale à 120 ou supérieure à 80 diastoliques ou moins). Le deuxième groupe est composé des participants dont la pression artérielle est élevée (120-129 sur moins de 80). Le troisième concerne ceux qui souffrent d’hypertension de stade 1 (130-139 sur 80-89). Enfin, le quatrième regroupe les hypertendus de stade 2 (140 ou plus sur 90 ou plus).

Plus la pression artérielle est importante plus le risque d’évènements cardiovasculaires grandit

Les chercheurs ont identifié les participants qui ont rencontré des problèmes cardiovasculaires dans les 20 ans qui ont suivi la mesure de leur pression artérielle. Au total, 228 évènements ont été relevés avec un taux de plus en plus élevé en fonction du niveau de pression artérielle mesurée. En clair, plus la pression artérielle mesurée était importante, plus le nombre d’incidents cardiovasculaires dans le groupe était important.

"Ceux présentant une pression artérielle élevée, une hypertension de stade 1 et une hypertension de stade 2 avant 40 ans, avaient un risque significativement plus élevé d'événements cardiovasculaires ultérieurs que ceux ayant une pression artérielle normale avant 40 ans ", a déclaré Yuichiro Yano.

Nouvelle définition de l’hypertension

Depuis 2017, il existe, aux États-Unis, une nouvelle définition clinique de l’hypertension artérielle. Les niveaux ont été abaissés et le seuil pour considérer une personne comme faisant de l’hypertension artérielle est passé de 140/90mm Hg à 130/80mm Hg. Cette nouvelle mesure fait augmenter de 31,1 millions le nombre de personnes souffrant d’hypertension sur un total de 100 millions d’Américains. Dans le monde, ce sont un milliard de personnes qui sont concernées.

Les nouvelles analyses des chercheurs américains montrent que "bien qu'il s'agisse d'une étude observationnelle, les nouvelles lignes directrices sur la pression artérielle sont utiles pour identifier les personnes susceptibles de présenter un risque d'événements cardiovasculaires".

Mieux appréhender l’hypertension artérielle

Dans une note annexe, publiée également dans le JAMA, un professeur de médecine de la faculté de Boston, Vasan Ramachandran, estime qu’"il existe des lacunes dans les connaissances en matière d'épidémiologie, de diagnostic, de stratification du risque et de gestion de l'hypertension artérielle chez les jeunes adultes."

"En quoi les déterminants sociaux de la santé, les changements de culture, les coutumes, le régime alimentaire, les soins de santé et l'usure d'un stress répété ou chronique sont autant de facteurs susceptibles d'avoir une incidence sur la tension artérielle des jeunes", se demande-t-il.

Il pense que le suivi médical de la pression artérielle doit être amélioré et qu’il est nécessaire d’utiliser les caractéristiques individuelles de chacun pour orienter les décisions de traitement de l’hypertension artérielle. "Une vérification de la tension artérielle périodique doit être effectuée lors de visites médicales régulières et de simples mesures de style de vie, telles que des exercices physiques réguliers et l’évitement de la surcharge pondérale, sont susceptibles d’être utiles aux jeunes adultes pour maintenir une pression artérielle optimale."