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Cannabis thérapeutique : l'Agence du médicament lance une évaluation et rendra son avis en décembre

Par Anaïs Col

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a décidé de mesurer l'intérêt sanitaire du cannabis thérapeutique en France. S'il était autorisé, il pourrait soulager la souffrance d'environ 300 000 personnes. Certaines ont déjà pris la liberté d'en cultiver pour apaiser leurs douleurs. 

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La légalisation du cannabis thérapeutique en France fait encore et toujours débat. Après avoir annoncé que le cannabis médical "pourrait arriver en France", la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait fait un pas de plus vers "la cigarette de cannabis" à usage médical lors d'une interview accordée à RMC le 10 juillet dernier, à condition néanmoins, qu'elle apporte "un plus" dans le traitement de maladies par rapport aux médicaments à base de cannabis déjà autorisés en France. 

Aujourd'hui, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a décidé de lancer une évaluation pour mesurer l'intérêt de la prescription du cannabis thérapeutique. "C’est une vraie demande des patients, c’est aussi une vraie demande des médecins qui souhaitent développer cette utilisation thérapeutique du cannabis", a déclaré à France Info Nathalie Richard, de l’Agence du médicament.

Un comité a été créé pour "évaluer la pertinence de développer en France l'utilisation thérapeutique du cannabis" et rendra son avis en décembre. "L'indication systématiquement retenue est l'utilisation dans le cas de douleurs neurologiques et celles qui sont liées au cancer", explique Nathalie Richard. "Ce sera le rôle du comité de définir les indications plus précises".

300 000 Français pourraient en avoir besoin 

On estime que 300 000 personnes pourraient avoir besoin de recourir au cannabis thérapeutique pour apaiser leurs souffrances s'il était un jour autorisé en France. "Pour moi, ça a été miraculeux", explique à Europe 1 Corinne, atteinte d'une spondylarthrite ankylosante, une sorte de rhumatisme très douloureux. "Si je suis en crise et que je ne peux plus du tout bouger, je vaporise - car je ne fume pas - et là ça fait effet très vite. Alors je sens les douleurs de façon lointaine et je peux les supporter".  

A 50 ans, Corinne cultive et récolte elle même son cannabis. "Les variétés que l'on trouve sur le marché noir sont des variétés qui sont faites pour planer, pour avoir la tête ailleurs et moi ce n'est pas du tout ce qui me convient. Ce qu'il me faut c'est un effet anti-inflammatoire très fort".

Dans le cannabis, il existe 2 principales molécules intéressantes parmi une centaine : le THC, ou tétrahydrocannabidiol, la substance psychoactive dont les effets planants sont recherchés, et le cannabidiol, dont les propriétés sédatives et relaxantes ont été validées (en complément du traitement usuel) dans les nausées chez les cancéreux et dans certaines formes d'épilepsies rares.

Les oncologues américains et le cannabis thérapeutique

Aux Etats-Unis, où le cannabis est autorisé dans certains Etats et le cannabidiol dans 28, 80% des oncologues déclarent avoir déjà abordé la question du cannabis thérapeutique avec leurs patients, mais moins de 30% d’entre eux estiment avoir suffisamment de preuves scientifiques pour faire de telles recommandations. "Les preuves scientifiques appuyant l'utilisation de la marijuana médicale en oncologie sont encore très minces, ce qui place les médecins dans une position très inconfortable", rappelle le docteur Ilana Braun, du Dana-Farber Institute of Adult Psychosocial Oncology.

En effet, jusqu'à présent, aucun essai clinique randomisé ne s’est penché sur les effets de la marijuana médicale chez les patients atteints de cancer, en dehors de ses effets sur les nausées, de sorte que les oncologues ne se fient qu’aux recherches sur l'utilisation du cannabis à des fins médicales dans le traitement de maladies autres que le cancer. 

Deux tiers des oncologues interrogés pensent pourtant que la marijuana médicale est un complément efficace au traitement standard de la douleur. Dans leur expérience, le cannabis thérapeutique est tout aussi, voire plus performant que les traitements classiques contre les effets secondaires de la chimiothérapie comme la nausée ou le manque d’appétit.

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