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Dépendance : les femmes enceintes accros aux opiacés donnent naissance à des bébés addicts

Par Barbara Azaïs

Aux Etats-Unis, le nombre de femmes enceintes accros aux opiacés à triplé dans au moins 28 Etats. Cette dépendance affecte pourtant sérieusement le nourrisson puisqu'il nait lui aussi addict à ces substances et doit subir un sevrage douloureux.

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Un rapport des centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) rendu public le 9 août a révélé que le nombre de femmes enceintes accros aux opiacés à été multiplié par trois entre 1999 et 2014 "dans les 28 Etats disposant de données". "Ces chiffres mettent en avant l’impact dévastateur de la crise des opiacés sur les familles à travers les Etats-Unis, y compris chez les plus jeunes", a affirmé Robert Redfield, directeur des CDC. Selon le rapport, le taux de femmes accros aux opiacés au moment d'accoucher "a augmenté de 1,5 pour 1 000 en 1999 à 6,5 en 2014".

Le bébé devient addict aux opiacés

Ces substances dérivées de la morphine, comme la codéine, sont prescrites contre les douleurs et non répertoriées comme stupéfiants. Le mésusage d’antalgiques opiacés expose les patients à une forte dépendance physique. "Une addiction non traitée aux opiacés durant la grossesse peut avoir des conséquences terribles", comme des naissances prématurées ou un risque accru de mortalité. Les bébés nés de mères dépendantes aux opiacés naissent également addicts à ces substances. 

Ils doivent alors subir un sevrage appelé syndrome d’abstinence néonatal, dans 60 à 80% des cas. "Le syndrome d'abstinence néonatale (SAN) lié au sevrage des opiacés peut provoquer une interruption de la relation mère-nourrisson, des anomalies du sommeil/éveil, des difficultés d'alimentation, une perte de poids et des convulsions", précise le CHU de Rouen.

"Ce syndrome est caractérisé chez le nourrisson par des signes neuro végétatifs et comportementaux en rapport avec un relargage anormalement massif de noradrénaline dans les synapses terminales suite à l’arrêt brutal de l’action des opiacés sur leur récepteurs", détaille encore un rapport du CHRU de Montpellier. L'addiction du nouveau-né survient "durant la première semaine de vie, plus ou moins précocement en fonction de la nature de l'opiacé pris par la mère, de sa demi-vie, du métabolisme maternel, du métabolisme placentaire, du métabolisme néonatal, et des traitements psychotropes associés".

Le sevrage aux opiacés

Les overdoses d’opiacés sont responsables de 69 000 décès par an dans le monde, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). C’est la deuxième cause la plus fréquente de décès chez les consommateurs de drogues injectables après le VIH. Selon l'Inserm, il existe actuellement en France "deux options thérapeutiques pour la dépendance aux opiacés : la méthadone et la buprénorphine qui sont désormais incluses par l’OMS dans la liste des 'médicaments essentiels'. En 2007, environ 130 000 patients bénéficiaient d’un traitement de substitution en France".

L'OMS précise que "le syndrome de sevrage aux opiacés s’accompagne de rhinorrhée (écoulements nasals), de larmoiements (formation excessive de larmes), de douleurs musculaires, de frissons, d’une piloérection et, sous 24 à 48 heures, de crampes musculaires et abdominales. Le comportement de recherche compulsive est très marqué et persiste après la diminution des symptômes physiques".