ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Alcool : vos cheveux en disent long sur votre consommation des trois derniers mois

Sulfate de diéthyle

Alcool : vos cheveux en disent long sur votre consommation des trois derniers mois

Par Mathilde Debry

Tout comme le sang ou l'urine, les cheveux peuvent être un bon indicateur du niveau de consommation d'alcool. Si il est important, le sulfate de diéthyle s'accumule dans la masse capillaire. 

Istock / Digital21

Une nouvelle étude, publiée dans Drug Testing & Analysis, révèle que la mesure des niveaux de sulfate de diéthyle (EtG) dans les cheveux est un biomarqueur fiable pour détecter la consommation chronique d'alcool d'une personne.

Calendrier rétrospectif

Le sulfate de diéthyle est un composé chimique, se présentant sous la forme d'un liquide incolore à l'odeur de menthe poivrée, très toxique et probablement cancérogène. Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont mis au point une nouvelle méthode pour quantifier les niveaux de sulfate de diéthyle présents dans des échantillons de cheveux de patients traités pour des troubles liés à la consommation d'alcool.

Les cheveux "constituent un véritable calendrier rétrospectif de la consommation d'alcool", observe l'Académie nationale de pharmacie, qui préconise la pratique "systématique" de ces analyses lors des contrôles médicaux "avant toute restitution du permis de conduire aux personnes sanctionnées pour conduite en état d'ivresse, afin d'éviter les récidives meurtrières du fait de conducteurs qui ont encore une consommation abusive chronique". Ce n'est pas le cas actuellement. En moyenne, les cheveux poussent d’1cm par mois. Sur 3cm, l’analyse du sulfate de diéthyl retrace les antécédents de consommation d’alcool au cours des 3 derniers mois.

Rechute

Si le niveau d'EtG est important, le patient a toutes les chances d'être alcoolique ou de faire une rechute. Si il est bas, le patient a réussi à s'abstenir de boire de l'alcool.

Classification de la dépendance à l’alcool en fonction de la concentration d’EtG dans les cheveux (source : www.alcool-info-service.fr) :

Les niveaux de sulfate de diéthyle avaient déjà été identifiés comme des biomarqueurs de la consommation d’alcool dans le sang et dans l’urine. 

Temps de détection

Comparativement aux matières plus traditionnelles, les cheveux sont plus faciles à recueillir, à transporter et à entreposer. Mais le principal avantage du test capillaire, c'est le temps de détection, qui est bien plus long qu'avec les autres méthodes de dépistage. Dans le sang et les urines, l'alcool est dépistable très rapidement après consommation, mais sur un laps de temps relativement court ne pouvant excéder 2 à 4 jours. Dans les cheveux, par contre, le temps de détection sera de 90 jours. "Les niveaux de sulfate de diéthyle dans les cheveux doivent donc faire l'objet de futures recherches", a déclaré l'auteure principale Delphine Cappelle.

Deux verres par jour, selon l'OMS

Deuxième cause de mortalité évitable après le tabac, la consommation d’alcool est responsable en France de 49 000 décès tous les ans. Rappelons que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) met en garde les femmes qui boivent plus de deux verres par jour, six jours sur sept, et les hommes qui succombent à plus de trois verres au quotidien.

La consommation épisodique d’alcool peut aussi devenir problématique. "Les jeunes sont beaucoup plus fragilisés car ils commencent à boire plus tôt qu'avant des alcools forts. Le risque, c'est qu'une soirée par semaine se renouvelle plus régulièrement et que le jeune ne puisse plus passer une soirée sans boire de l'alcool", prévient Isabelle Sokolow, médecin alcoologue. Elle poursuit, dans Le Parisien : "même s'ils ne s'enivrent qu'une fois par semaine, sans boire une goutte d'alcool le reste du temps, ces consommateurs épisodiques sont considérés comme des alcooliques. Lorsqu'on oublie ce qu'il s'est passé la veille, où l'on a garé sa voiture ou que l'on tombe sans savoir pourquoi, ce sont des signes d'alcoolisme".

Au-delà des problèmes d’alcool, les cheveux sont un bon indicateur de notre état de santé. L’arrivée précoce de cheveux blancs résulte par exemple d’un stress important ou d’une possible maladie cardiovasculaire. Des chercheurs britanniques ont récemment identifié 124 nouveaux gènes qui déterminent la couleur de cheveux. "Cette découverte pourrait permettre de faire avancer la recherche sur certaines maladies et cancers de la peau", se félicitent-ils.