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Greffe de trachée : le récit d'une première mondiale française

C’est une première mondiale. Des chercheurs de l’hôpital Avicenne de Bobigny sont parvenus à réaliser des greffes de trachée grâce à des artères. La plupart des patients soignés peuvent respirer aujourd’hui normalement.

Greffe de trachée : le récit d'une première mondiale française Saaras/iStock




C’est une première mondiale. Des médecins français ont réussi une greffe de trachée artificielle à partir de fragments d’artères. Cette technique consiste à fabriquer, à partir de tissus aortiques, une trachée. Elle a été implantée sur 12 patients atteints de lésions ou de cancers.

La recherche a été réalisée entre 2009 et 2017 par l’équipe du Pr Emmanuel Martinod, chef sur service de chirurgie thoracique et vasculaire universitaire Avicenne - AP-HP, situé à Bobigny. Au total, 20 patients ont participé à l’étude, ils étaient âgés de 24 à 79 ans. Pour sept d’entre eux, le traitement a été finalement conventionnel. Parmi les treize autres, 5 ont bénéficié d’une reconstruction de la trachée, sept des bronches souches (celles qui sont les plus proches de la trachée) et le dernier patient a lui reçu une carène trachéale. 

Pour faire cette greffe, les chercheurs ont utilisé des aortes, prélevées sur des patients décédés puis conservées par cryogénie (qui correspond à une température de - 80°C). Celles-ci ont été ensuite transformées, grâce à l’ingénierie tissulaire, en trachée. Ensuite, ces tissus ont été greffés sur les patients. Un stent a été aussi posé. Il s’agit d’un tuteur vasculaire, qui permet de maintenir un vaisseau ouvert. 

Un organe artificiel proche de l’original 

Quelques temps après l’opération, l’organe artificiel implanté est devenu une structure proche de la trachée et des bronches. La membrane interne naturelle, appelée épithélium, s’est reconstituée, aussi de nouveaux cartilages se sont formés, remplaçant ainsi le travail effectué par le stent. D’après les résultats, la mortalité à 90 jours a été de 5%, aucune complication grave n’a été constatée. Au bout de 18,2 mois en moyenne, le stent posé a pu être enlevé chez les patients. Pour une grande majorité, les résultats de la greffe sont positifs. Surtout, certains patients pour qui aucun traitement n’était envisageable, sont aujourd’hui considérés comme guéris par les médecins.

C’est le cas notamment d’Eric Volery, un patient qui témoigne dans la presse. Alors que les médecins considéraient qu’il était en "impasse thérapeutique", qu’il n’avait comme perspective que la respiration par trachéotomie, la greffe artificielle l’a guéri. Le stent lui a été retiré, et aujourd’hui, il peut même courir.  

Essais ratés et fraude en Italie

La véritable avancée de cette étude est l’utilisation de ce tissu aortique pour reconstruire la trachée. Jusqu’ici les essais de greffe étaient conduits en principe en utilisant des bioréacteurs externes. Ce sont des dispositifs qui recréent artificiellement les conditions biologiques. Un professeur italien, Pr Macchiarini, avait fait scandale en utilisant cette méthode. Il a cultivé une trachée en plastique "colonisée" par des cellules-souches en laboratoire. Sept des patients opérés entre 2011 et 2014 sont morts, le huitième et dernier n’a pas été retrouvé. Surtout, des fraudes dans la présentation des résultats ont été révélées par la suite.

Les travaux de l’équipe du professeur Martinod devraient permettre de généraliser l’utilisation de ce genre de traitements. D’autres études devraient permettre de mieux comprendre les mécanismes qui permettent ces résultats. 

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