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Fin de vie assistée

Un Australien de 104 ans part mourir en Suisse : voici comment se déroulera son suicide assisté

Par Anaïs Col

Faute de ne pouvoir le faire chez lui en Australie, le scientifique David Goodall, âgé de 104 ans, a voyagé jusqu'en Suisse pour mettre fin à sa vie lui-même légalement. Comment va se dérouler son suicide assisté ?

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David Goodall n'avait sans doute pas imaginé sa fin de cette manière : âgé de 104 ans, cet ancien scientifique a fait le voyage jusqu'en Suisse pour mette fin à sa vie légalement. Ne souffrant d'aucune maladie en phase terminale, il juge néanmoins que sa qualité de vie s'est détériorée et qu'il est temps pour lui de partir. "C’est là toute l’atrocité. Ce vieil homme (…) devrait être en mesure de mourir chez lui, dans son lit, comme on peut le faire ici en Suisse", s'est indigné Ruedi Habegger, cofondateur d’Eternal Spirit, la clinique où David Goodall rendra son dernier souffle jeudi.

"Je ne veux pas aller en Suisse"

En Suisse, toute personne en bonne santé mentale exprimant le souhait de mourir depuis un certain temps est en droit de demander une mort volontaire assistée (MVA). "Si une personne en bonne santé vient et dit 'je suis sain d’esprit et j’ai décidé de mourir, ses raisons ne vous regardent pas, en théorie", explique Ruedi Habegger. Chaque année, son établissement aide environ 80 personnes à mettre fin à leur vie, dont 75% sont étrangers. Dans la majorité des cas, il s'agit de personnes âgées ou en mauvaise santé physique, voire en souffrance. 

A l'inverse en Australie - et comme dans beaucoup de pays - l'aide au suicide est illégale. Seule la mort assistée sera légale dés juin 2019 dans l'Etat de Victoria, pour les personnes dont l'espérance de vie est estimée à moins de 6 mois. "Je ne veux pas aller en Suisse", a affirmé le vieil homme à la télévision australienne ABC avant de prendre l'avion, mais "j'ai dû saisir l’opportunité du suicide que le système australien ne me permet pas". "Je suis très amer".

Les étapes du suicide assisté en Suisse

Une personne désirant mettre fin à ses jours entre les mûrs de cette clinique doit présenter sa demande de MVA aux membres du bureau de la Fondation Eternal SPIRIT. Ceux-ci décident ensuite si le motif de la demande correspond aux règles de la fondation et transmettent éventuellement le dossier à un médecin suisse pour une évaluation supplémentaire.

"Pour les adhérent(e)s résidant à l’étranger, il faut deux entretiens approfondis avec deux médecins suisses qui serviront à vérifier que la demande de MVA est en accord avec la règlementation suisse, stipule le site de la clinique. Les personnes venant de l’étranger doivent donc se préparer à séjourner 3 ou 4 jours en Suisse avant la MVA". Dans le cas de David Goodall, le dossier a déjà été accepté. Dès que le médecin suisse donne son accord, un rendez-vous peut être fixé dans les 2 ou 3 jours suivants pour procéder au suicide assisté. 

Le sommeil, puis la mort

Le patient signifie de nouveau son souhait de mort, le jour de la MVA. Après confirmation, il absorbe lui-même un produit l’empêchant de vomir, puis le produit létal (qui peut également être pris par perfusion). Une caméra filme toute ces étapes : "c’est la seule preuve fiable que l’adhérent(e) a pris le produit lui-même", affirme la clinique. Le sommeil survient alors en quelques minutes et la mort suit environ trente minutes plus tard. "Après, nous arrêtons la caméra, car le reste relève de l’intime, du privé", explique Ruedi Habegger. La famille et les proches peuvent être présents durant tout le processus. Si le patient est Suisse, son suicide assisté se déroule chez lui, dans son lit. "Ce n’est pas douloureux. C’est court et paisible".

Seuls les mineurs, les personnes incapables de discernement ou souffrant de maladies mentales sans souffrance physique grave ne peuvent accéder à ce droit.