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Prévention des métastases

Une nouvelle molécule double l’espérance de vie dans le cancer de la prostate résistant à la castration

Par le Dr Jean-Paul Marre

L’apalutamide, un nouveau médicament anti-androgène, améliore la qualité de vie et double l’espérance de vie des hommes souffrant d’un cancer de la prostate

Shidlovski/istock

Dans le cancer de la prostate, quand il n’est pas accessible à un traitement curatif, chirurgical ou en radiothérapie, et qu’il n’est pas encore métastasé, le traitement repose sur la castration chirurgicale ou chimique. Certains malades sont cependant résistant, secondairement ou d’emblée, mais l’objectif est de retarder l’apparition de métastases.

Chez les hommes souffrant d'un cancer de la prostate non métastatique, mais résistant à la castration, l’apalutamide réduit de 72% le risque de métastases ou de décès. Les résultats de l'étude SPARTAN sont publiés dans le New England Journal of Medicine.
Ces données suggèrent que l’apalutamide pourrait être un nouveau standard de traitement chez les hommes résistant à la castration et à haut risque de métastases, métastases qui sont les principales pourvoyeuses de souffrances et de réduction de l’espérance de vie.

Un médicament qui bloque le récepteur aux androgènes

L’apalutamide est un inhibiteur compétitif de nouvelle génération qui se fixe directement sur le récepteur aux androgènes. Il est en cours de développement pour le traitement des hommes atteints de cancer de la prostate non encore métastasés. Il empêche la liaison des androgènes aux récepteurs aux androgènes sur les cellules cancéreuses et l’activation de ces cellules (transcription de l'ADN médiée par le récepteur androgène).
La médiane de survie sans métastase fait plus que doubler puisqu’elle est de 40,5 mois dans le bras apalutamide contre 16,2 mois dans le bras placebo (HR, 0,28, IC 95%, 0,23-0,35, P <0,0001). Sur la base de ces données, la FDA a accordé un examen prioritaire à l'apalutamide pour prescription dans ce contexte.

Une étude de phase 3

L'essai SPARTAN a évalué l'innocuité et l'efficacité de l'apalutamide par rapport au placebo chez 1207 patients atteints de cancer de la prostate à haut risque, résistant à la castration, et non encore métastatique : tous ces malades avaient un taux d'antigène prostatique spécifique en augmentation rapide, malgré une suppression androgénique en continu.
Les malades devaient donc avoir un temps de doublement du PSA ≤ 10 mois, car des données antérieures ont montré que ce sont les patients les plus à risque de développer des métastases et de mourir.
Les patients ont été tirés au sort entre 2 groupes : un groupe recevant 240 mg d'apalutamide par jour (n = 806) et l’autre un placebo (n = 401). Le temps moyen de doublement du PSA est inférieur à 5 mois dans les deux bras. Les patients qui ont développé des métastases ont été autorisés à recevoir de l'acétate d'abiratérone en plus de la prednisone, ce qui est la nouvelle norme de soins chez les hommes atteints de cancer de la prostate à haut risque de métastase et résistants à la castration.

Une augmentation de la survie et une bonne tolérance

Quatre-vingt pour cent des hommes sous placebo ayant progressé et 56% des patients sous apalutamide ont été traités ultérieurement pour leur cancer de la prostate. Les chercheurs ont noté que la survie sans progression est plus longue chez les patients initialement randomisés en apalutamide.
Au cours d’un suivi médian de 20,3 mois, 61% des malades du groupe apalutamide sont restés sous traitement, contre 30% du groupe placebo. Une analyse intermédiaire de la survie globale montre une tendance favorisant l'apalutamide.
Les événements indésirables ont conduit à l'arrêt du traitement dans 10,7% des malades sous apalutamide et 6,3% des malades sous placebo. Au cours de l'essai, aucun des deux groupes n'a de réduction des scores moyens de qualité de vie, et il n'y a pas de différence dans les scores au fil du temps entre les groupes.

Un changement des pratiques en perspective

Il y a une population d'hommes souffrant d’un cancer de la prostate qui n'ont pas de signe visible de métastase mais qui ont une augmentation rapide de leurs marqueurs biologiques, et en particulier de l’antigène spécifique de prostate. Ces patients peuvent avoir un mauvais pronostic et un risque élevé de métastases, et jusqu'à présent, la prise en charge optimale de leur cancer restait incertaine.

« Les résultats de cette étude suggèrent qu'il pourrait enfin y avoir un traitement prometteur pour prolonger leur qualité et leur espérance de vie », a déclaré Sumanta K. Pal, oncologue médical et professeur adjoint au département de recherche en oncologie médicale et thérapeutique de l'ASCO selon un communiqué.