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Gammapathie monoclonale

Une modeste anomalie du sang peut conduire insidieusement à un cancer 30 ans après

Par Johanna Hébert

Les gammapathies monoclonales bénignes, qui correspondent à une anomalie des taux d’immunoglobulines dans le sang, peuvent mener sans bruit à d’autres maladies jusqu’à 30 ans après leur découverte. 

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Les gammapathies monoclonales de signification indéterminée (GMSI ou MGUS en anglais) sont une forme bénigne d’anomalie du taux d’une protéine dans le sang, une immunoglobuline. Cette anomalie désigne une anomalie de production des anticorps, des protéines sanguines qui jouent un rôle dans le système de défense immunitaire, qu’elle soit qualitative ou quantitative. 
Cette affection est généralement bénigne, mais elle peut évoluer vers un cancer du sang, avec des complications (hémorragie, anémie). Une nouvelle étude, publiée dans le New England Journal of Medicine, montre que selon son type, les risques de transformation en cancer du sang sont très différents en fonction du type d’immunoglobuline et de l’association de facteurs de risque associés.

L’anomalie évolue progressivement vers la maladie

Des chercheurs ont suivi 1384 personnes avec une gammapathie monoclonale de signification indéterminée diagnostiquée entre les années 1960 et 1994, et résidant dans l’Etat du Minnesota, aux Etats-Unis. Le suivi de ces personnes s’est étalé sur une période de 34 ans en moyenne. 
Les chercheurs se sont particulièrement penché sur la transformation de la gammapathie monoclonale en un cancer du sang (une hémopathie) : un myélome multiple ou un trouble des cellules plasmoïdes ou lymphoïdes. 

Présence de facteurs de risque

Le risque de transformation en cancer du sang d’une gammapathie monoclonale est de 10% à 10 ans, 18% à 20 ans, 28% à 30 ans, 36% à 35 ans et 36% à 40 ans. Mais selon le type de gammapathie monoclonale, le risque n’est pas le même. Le risque est plus élevé si c’est une immunoglobuline de type IgM que si ce n’est pas une IgM (IgG ou IgA) et le risque est modulé en fonction de l’existence de facteurs de risque (ratio de chaines légères dans le sang et taux de l’immunoglobuline)
Au final, l’espérance de vie est réduite en cas de gammapathie monoclonale de signification indéterminée par rapport à la population normale (8,1 versus 12,4 ans en moyenne) mais le risque de transformation en cancer à 20 ans est très différent en fonction du type de gammapathie monoclonale de 7% en cas de gammapathie non-IgM sans facteur de risque à 55% en cas de gammapathie IgM avec 2 facteurs de risque.