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QUESTION D'ACTU

Lettre ouverte

« Ce matin, j'ai craqué » : le cri d'alarme d'une infirmière en Ardèche

Dans une lettre ouverte à Agnès Buzyn, une infirmière décrit les difficultés quotidiennes rencontrées et annonce raccrocher sa blouse.

« Ce matin, j'ai craqué » : le cri d'alarme d'une infirmière en Ardèche Trois études pour le portrait d'Henrietta Moraes, de Francis Bacon (1963)




« Ce matin, j'ai craqué. » Dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé Agnès Buzyn, une jeune infirmière du centre hospitalier du Cheylard, en Ardèche, explique pourquoi elle a décidé de raccrocher sa blouse après seulement un an et demi d'exercice. Sa lettre ouverte, publiée le 27 décembre sur Facebook, a été partagée près de 18 000 fois. Elle témoigne d’une situation de tension extrême dans le public.

Un manque crucial d’effectifs

En cause, avant tout, la pénurie d’effectifs. « Une infirmière peut se retrouver à gérer seule 35 patients relevant d'une surveillance clinique accrue, accueillir un ou plusieurs usager(s) qui entre de manière "programmée" et prendre en charge une ou deux urgence(s) vitale(s), le tout simultanément », explique Mathilde Basset, 24 ans. Affectée à l’Ehpad (maison de retraite) de l’hôpital, elle décrit la même gabegie, avec trois infirmières à temps plein pour 99 résidents et aucune infirmière de nuit.

Et la jeune infirmière de conclure sur un constat des plus sombres. « J'adore le soin, le care, la relation de confiance avec mes patients, mais je ne travaille pas dans un lieu de vie médicalisé. Je suis dans une usine d'abattage qui broie l'humanité des vies qu'elle abrite, en pyjama ou en blouse blanche. »

Les Ehpads inquiets

Le « malaise de l’hôpital », selon la formule désormais consacrée, est bien connu de tous les acteurs de la santé. Écartelé entre une éthique du soin et des impératifs de rentabilité (baisse drastique des effectifs, multiplication des tâches), beaucoup de professionnels de santé ne parviennent plus à donner du sens à leur mission. Et si l’hôpital public figure souvent en première ligne des mobilisations, les Ehpad publics sont aussi de plus en plus concernés.

Si l’austérité à l’hôpital ne date pas d’hier, et s’appuie sur un train de réformes profondes mises en œuvre dans les années 2000, le médico-social public se trouve quant à lui au milieu du gué. La réforme du financement des Ehpad, destinée à aligner les tarifs du public et du privé, inquiète beaucoup. La fédération hospitalière de France(FHF) avait alerté à ce sujet l’été dernier, évaluant à 200 millions d’euros le manque à gagner pour certaines maisons de retraite publiques, accueillant notamment les publics les plus dépendants.

Mouvement social en fin de mois

Interpellée, la ministre de la Santé Agnès Buzyn n’a pas répondu à la lettre ouverte. « Je suis attentive au malaise de l’hôpital public. Je l’ai vécu, je le connais bien », rappelait-elle en octobre dernier sur le plateau du Magazine de la santé, avant de préciser : « je ne vais pas faire de miracles, je préfère le dire. » Une façon de signifier que si la méthode se veut douce, la trajectoire budgétaire l'est beaucoup moins.

La réforme du financement des Ehpad, décidée sous le quinquennat précédent, a quant à elle été confirmée par la ministre, et s’accompagnera d’un budget de 100 millions d’euros destiné à renforcer les taux d’encadrement. Pas sûr que la mesure suffise à convaincre : les syndicats ont d’ores et déjà appelé à une journée de grève nationale dans les Ehpad le 30 janvier prochain.

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