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Ambulatoire

La chirurgie ambulatoire n'arrange pas forcément les finances de l'hôpital

Par Isabelle Delourdes

Alors que la chirurgie ambulatoire se place comme pouvant sauver l'assurance maladie, la question se pose de savoir si elle peut constituer une véritable source d'économie. 

EyeMark/epictura

C’est Agnès Buzyn qui en fait une des mesures phares de son plan de « sauvetage de l’assurance maladie » : la promotion de la chirurgie ambulatoire… En plus simple : le matin et le soir à la maison, entre les deux, une intervention chirurgicale. On pourrait penser que c’est anecdotique. Pourtant, aux Etats-Unis, 80 à 90 % des interventions chirurgicales se font ainsi. Moins d’une sur deux en France. Et bientôt 70 % ? 

Evolution inéluctable semble-t-il, mais côté finance, il faut y voir à deux fois. Peu d’études font référence sur le sujet, et la majorité des rapports conclue cependant à une rentabilité supérieure de la pratique ambulatoire par rapport à la chirurgie conventionnelle. Mais ce serait sans tenir compte d'autres frais occultés en premier abord : par exemple l’ambulance, l’aide à domicile ou encore un effet secondaire de l'ambulatoire : le besoin de plus de personnels pour s’occuper des patients plus lourds qui occupent maintenant les services. 

 N'est-on pas en train de sacrifier la santé des patients sur l'autel de l'économie ?

On pourrait avoir une certaine forme de doute en effet… Pourtant, les enquêtes les plus récentes, quel que soit le pays, sont unanimes : les malades ayant bénéficié de la chirurgie ambulatoire sont satisfaits et prêts à recommencer. Et les médecins qui en sont des spécialistes disent même qu’il faut balayer les arguments économiques, pour mettre en avant l’amélioration de qualité, à tous les niveaux de l’acte : des médicaments anesthésiques avec moins d’effets secondaires ; des chirurgiens qui ont dû remettre leur technique en jeu, privilégier de petites cicatrices et utiliser des caméras à l’intérieur du corps. Enfin, raccourcir les délais impose la mise en place d’une organisation efficace basée sur l’anticipation, mais aussi l’information des malades, trop longtemps négligée en France, expliquant la frilosité de certains à le proposer à leurs malades.

 L'ambulatoire ne concerne pas que de petites interventions chirurgicales

Cette chirurgie ne s’interdit aucune intervention, même de plusieurs heures et sous anesthésie générale : citons par exemple l'ablation de la vésicule biliaire, des calculs de rein, certaines opérations du cancer du sein, de la thyroïde, la chirurgie compliquée du genou, de l’épaule…Il y a un objectif qui peut paraître incroyablement ambitieux : moins de 1 % d’opérés seulement, à terme, devraient rester passer la nuit à l’hôpital. Un discours qui fait grincer des dents à bien des médecins, mais la direction des hôpitaux a tranché, elle recommande l’application de cette technique le plus souvent possible ! Argument non négligeable, le taux des infections nosocomiales, ces infections que l’on attrape à l’hôpital et qui nous coûtent plus de 10 000 morts par an, sont divisées par trois. 

 

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