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Pertinence des soins

Le recours à la chirurgie varie du simple au double selon les régions

Par Yvan Pandelé

D'après une enquête de la FHF, le recours à certains actes chirurgicaux varie du simple au double selon les régions. Des disparités qui posent question sur la pertinence des soins.

Zentilia / Epictura

La pertinence des soins est un combat de longue haleine, mené par les pouvoirs publics depuis quelques années. Non seulement les soins inutiles font courir des risques indus aux patients, mais ils coûtent extrêmement cher au système de santé : entre 20 % et 30 % du budget de la sécu selon les estimations, nécessairement à la louche. De quoi fournir un surcroît de motivation, en ces temps de disette budgétaire.

Dans une enquête publiée le 26 novembre, la fédération des hôpitaux de France (FHF), le syndicat de l’hôpital public, s’est attaché au problème sous l’angle de la disparité régionale. En s’attachant à quatre interventions de chirurgie communes, réputées prescrites avec libéralité : la césarienne, la chirurgie du cristallin (opération de la cataracte), chirurgie du rachis (sciatique), le pontage coronarien (angine de poitrine ou infarctus du myocarde) et la pose de stents (angine de poitrine).

En ramenant le nombre d’interventions à la population, et en contrôlant les disparités en matière d’âge et de sexe, il est possible de comparer la plus ou moins grande libéralité avec laquelle une intervention est prescrite. Et selon les départements, on se retrouve donc avec des taux de recours qui peuvent varier du simple au double !

Du simple au double selon les régions

Vous aurez ainsi deux fois plus de chances d’accoucher par césarienne en PACA ou en région parisienne qu’en Nouvelle Aquitaine. C’est l’inverse pour la chirurgie du rachis : les Provençaux sont deux fois moins opérés du dos que les Parisiens. Et ainsi de suite… En dépit de leur ressemblance anatomique probable, le Breton moyen reçoit deux fois moins de stents que l’Alsacien. Très parcimonieux, il consomme aussi deux fois moins de pontages coronariens que son voisin normand. Autant de disparités qui invitent à s’interroger sur la nécessité d’améliorer les pratiques.

Dans tous les cas, il s’agit d’actes où le risque est bien contrôlé, bien remboursés par l’assurance maladie, et pour lesquels la tentation est grande de prescrire au-delà des besoins du patient. C’est vrai pour les cliniques privées, généralement dans une logique de spécialisation et de recherche de profit, mais aussi à l’hôpital public, que la tarification à l’activité et la diminution des budgets de fonctionnement conduit aussi à favoriser les actes les plus rentables, pour financer les autres. Les patients sont parfois aussi demandeurs, comme c’est le cas pour les césariennes « de confort ».

Réforme du financement de l'hôpital

« Les résultats sont sans appel », conclut la FHF dans son communiqué. « Il est urgent de passer à l’action et les acteurs de santé comme les français sont prêts à changer leurs pratiques », ajoute le syndicat de l’hôpital public, en référence en une deuxième enquête montrant que les Français sont favorables à un meilleur contrôle de la pertinence des soins.

Si la pertinence des soins est un travail de longue haleine, qui repose sur l’action des tutelles mais aussi des sociétés savantes, un consensus semble se dégager dans le monde de la santé. À l’occasion de la campagne présidentielle, le Comité des interassociatif sur la santé (Ciss), la principale association d'usagers, présentait un ensemble de mesures dans ce sens. L’une des plus importantes, concernant le financement de l’hôpital, est en cours d’élaboration, avec l’introduction d’une part de financement centrée sur la pertinence des soins. Une question dont on n'a pas fini d'entendre parler.

Source : atlas des variations de pratique 2017, FHF.

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