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Mort subite du sportif

Un enfant de 8 ans meurt en jouant au football

Par Dr Eric Du Perret

Dimanche, un jeune enfant est mort en participant à un tournoi de foot en salle. Un drame survenu 800 fois en France l’année dernière.

PIXATHLON/SIPA

Une fois de plus, la mort a frappé un jeune sportif en pleine santé… C’est malheureusement un événement tragique qui n’est pas rare, plusieurs centaines par an dans notre pays.

Tous les responsables de clubs redoutent ce drame que représente la mort subite du sportif qui ne survient pas, il faut le dire, que lors d’un effort violent… En effet, l’occasion d’un effort parfois anodin, en tout cas disproportionné avec les conséquences –, un individu en pleine santé s’écroule, raide mort. Et sans l’intervention immédiate de secours spécialisés, ou la présence d’esprit de secouristes rompus à la technique du massage cardiaque, les médecins n’arrivent pratiquement toujours que pour constater l’issue fatale. Car arrêté, le cœur ne repartira que grâce à une stimulation puissante. L’idéal est de disposer d’un défibrillateur automatique que l’on commence à voir dans les lieux publics, y compris dans notre pays. C’est le rêve de toutes les enceintes sportives. C’est déjà le cas aux Etats-Unis, où on le trouve dans presque tous les stades, ce le sera probablement vite en France. Mais le drame ne frappe pas que dans les stades, ce peut être au détour d’un jogging en pleine campagne, sans témoins, donc sans filet !

Le cœur s’arrête brutalement, sans raison

Les Américains, qui ont sur ce sujet une réelle avance, se sont intéressés à la prévention. Ils ont publié les résultats d’une grande enquête sur l’examen attentif de dizaines d’athlètes décédés soit pendant, soit immédiatement après l’effort. A l’autopsie, qui est systématique, la plupart présentaient une petite malformation de leurs artères coronaires, ces artères qui alimentent notre cœur et sont responsables d’infarctus, d’affolement du rythme et d’arrêts cardiaques, lorsqu’elles se bouchent. Alors, les médecins américains ont fait une enquête très précise, et en remontant dans l’histoire de ces sportifs, il se sont aperçus que si 50 % d’entre eux n’avaient jamais eu de manifestations préventives de cette malformation, l’autre moitié avait présenté des douleurs dans la poitrine et de petits évanouissements qui font immédiatement suspecter les troubles cardiaques.

Des examens complémentaires

Très logiquement, leurs médecins leur avaient prescrit des examens complémentaires : électrocardiogramme et surveillance du cœur pendant une épreuve de pédalage sur un vélo, ce que l’on appelle l’épreuve d’effort. Or, tous ces examens étaient strictement normaux. L’étude conclue donc que devant tout symptôme suspect chez un sportif, il faut impérativement effectuer en plus de ces examens une échographie cardiaque. C’est le seul moyen simple pour mettre en évidence la malformation des coronaires. Et si cette malformation existe, alors l’arrêt de la compétition sera impératif et l’intervention chirurgicale immédiate pour offrir à ces condamnés potentiels une existence sportive normale.

Attention aux licences de complaisance

Les médecins parlent de fatalité pour cacher leur impuissance, mais surtout que l’on a des efforts à faire en termes de prévention… Pourtant, pour éviter plusieurs centaines de drames annuels, le médecin dispose aujourd’hui d’armes préventives à utiliser progressivement. Et cela commence par la signature de cette fameuse licence, ou la visite systématique s’il s’agit d’une reprise personnelle et solitaire de la pratique sportive.

Par exemple, les clubs sportifs accueillent des milliers de nouveaux membres à qui on demande de faire signer la licence par le médecin de famille. Lequel va être confronté à toutes sortes de pressions pour apposer le fameux tampon sans voir le petit qui n’a pas voulu venir, ou le mari qui avait autre chose à faire. Si votre médecin accepte de signer sans voir, même s’il connaît parfaitement la famille et qu’il la suit depuis longtemps, et que vous en êtes très content… changez-en ! Et encore plus s’il accepte d’être payé ! Il s’agit en effet d’une faute professionnelle très grave.