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Benneteau Tournoi de Paris-Bercy

Pubalgie, une douleur qui ne touche pas que les sportifs

Par le Dr Jean-Paul Marre

Julien Benneteau brille au tournoi de tennis de Paris-Bercy. Un exploit d’autant plus retentissant qu’il sort de deux années de galères dues à une « pubalgie ».

jctabb/epictura

La « pubalgie » est un nom qui revient beaucoup dans le vocabulaire des sportifs blessés, surtout les footballeurs, mais qui peut aussi toucher d’autres sports… Une douleur au niveau de la région du pubis s’appelle une « pubalgie ». Jusque-là, facile à comprendre. Mais ensuite, le pubis est un endroit que les gens définissent mal. Peut-être parce qu’il est relié à une des zones de la sexualité ? Probablement parce que ce sont 2 os plutôt méconnus, soudés aux os du bassin et qui sont reliés par une articulation particulière, la « symphyse pubienne ». C’est l’ensemble de ces os, des muscles qui s’y attachent et des parties molles en avant qui s’appelle la « région pubienne ».

Pas de cause univoque pour les douleurs

L’articulation pubienne est une articulation peu mobile mais elle est animée de micro-mouvements à la marche et lors des efforts par exemple de « shoot » ou de « dribble » au football. Elle peut donc être surmenée en cas de sport de compétition et être le siège d’une sorte d’arthrose : c’est « l’ostéo-arthropathie pubienne ». Elle se manifeste par une douleur du pubis et se voit à la radiographie.

Les os servent de structure à notre squelette mais aussi de zone d’attache à nos muscles. Une attache qui se fait par l’intermédiaire des tendons. L’inflammation des tendons qui attachent les muscles au pubis s’appelle la « tendinite », c’est le cas de la « tendinite des adducteurs de la cuisse » chez le footballeur ou « maladie des adducteurs ». Elle provoque des douleurs sous-pubiennes et peut se manifester tardivement par un aspect hérissé de l’os où s’insèrent les tendons des adducteurs. Mais en général, c’est l’échographie ou l’IRM qui aide le diagnostic.

L’inflammation peut toucher aussi les muscles qui se rattachent au pubis en haut et c’est la « pathologie pariétale abdominale ». Dans ce dernier cas, en plus des hyper-sollicitations de ces muscles de l’abdomen, il existe également une déficience congénitale de la paroi musculaire. La radiographie retrouve tardivement des condensations de l’os du pubis, mais c’est l’échographie qui objective les lésions musculaires.

Pourquoi les sportifs ?

La pubalgie toucherait plus de 10 % des sportifs, tous sports confondus, mais 40 % des sportifs collectifs professionnels. Le football principalement, mais aussi le tennis et des activités fréquentes chez les jeunes enfants comme la danse, la course de haie, l’équitation, le ski et l’escrime.

Si la pubalgie recouvre 3 entités différentes (tendinite, arthropathie et maladie musculaire), le traitement partage de nombreux moyens. Avant tout, il faut prévoir un repos sportif allant de 2 à 3 semaines, voire jusqu’à 3 mois, en particulier en cas d’ostéo-arthropathies pubiennes qui sont souvent rebelles. La prescription d’anti-inflammatoires et de corticoïdes en cure courte peut aider. La kinésithérapie est indispensable pour normaliser les déséquilibres biomécaniques qui participent à l’apparition de la pubalgie. La reprise de l’entraînement est envisagée uniquement si la kinésithérapie marche et elle doit être progressive. En cas d’échec d’un traitement médical et kinésithérapeutique bien conduit, une chirurgie correctrice peut être envisagée, en particulier dans les formes pariéto-abdominales.

La pubalgie, au final, c’est une douleur qui touche beaucoup de choses, mais pas le pubis !