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Protéines

La viande n’est pas indispensable

Par Dr Eric Du Perret

C’était mercredi la journée végane ; il y a la traditionnelle journée sans viande le 20 mars, les journées végétariennes le 1er octobre. Toutes avec une constante : le haro sur les protéines animales, donc la viande !

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La viande est-elle indispensable ?

EDP : Non, elle n’est pas indispensable ! Mais que l’on soit végétarien ou carnivore invétéré, il y a un point non négociable, c’est celui de nos besoins dans les trois éléments principaux de notre alimentation : les sucres, notre carburant : 60 %. 25 % pour les graisses, qui agissent en constructeurs ou transporteurs. Et enfin les protéines, les briques de notre organisme, qui représentent le reste, soit 15 %. Soit quotidiennement 70 grammes de protéines. On est loin de la côte de bœuf ! Au-dessus de ce pourcentage, on augmente la production de déchets comme l’urée et fatigue les reins. La surconsommation de protéines est une des causes des 600 millions de malades des reins dans le monde.

 

La viande, c’est surtout des protéines ?

EDP : Avec beaucoup de graisses pour certaines, comme par exemple le mouton ou le porc. On a besoin de 25 % de graisses dans l’alimentation idéale, mais ces viandes en apportent proportionnellement beaucoup trop.

 

La protéine préférée des Français, c’est la viande rouge ?

EDP : … Et les œufs ! Il ne faut pas oublier cette excellente protéine. Surtout le blanc, qui est de la protéine pure… Même si c’est le jaune qui est bon ! Mais c’est oublier un peu vite deux stars de la perte de poids et surtout du « mieux manger » : le poulet et le poisson.

 

Concrètement, est-ce qu'on en mange trop, de la viande ?

EDP : Oui, et c’est assez nouveau, contrairement à ce qu’on pense… Il y a un siècle, 40 grammes de viande par jour. Aujourd’hui, ce sont trois cents grammes en moyenne. La tendance est toutefois à la baisse, depuis que les nutritionnistes ont tiré le signal d'alarme. Certains producteurs aimeraient bien nous faire croire que notre espérance de vie a augmenté au rythme de notre consommation de viande. Le cliché des années 50. On sait aujourd'hui que c'est faux.

 

C’est quoi, la bonne dose de viande à consommer ?

EDP : Pas plus d’une fois par semaine. Le choix est immense. Si le bœuf, le porc et le mouton se sont installés doucement dans nos assiettes depuis 50 ans, il s'agit, que nos producteurs endettés nous excusent, d'une faiblesse de notre alimentation. En n'oubliant pas, au moment du repas, que les poissons, les viandes blanches, les œufs, sont eux aussi d'excellentes sources de protéines.

On doit aussi consommer des viandes dont la traçabilité sera parfaitement connue.

La traçabilité des protéines est un secret de polichinelle qui va probablement déboucher sur un scandale à l’échelle de l’Europe, voire de la planète.

 

Et la charcuterie ?

EDP : Pas plus d’une fois par semaine. Car c’est le monde des graisses cachées.

 

A quoi servent les protéines dans notre corps ?

EDP : Vaste question. Pour répondre simplement, si le corps était une maison, les protéines en seraient les briques. Tous les bons maçons vous le diront : si la brique est bonne, le mur est solide et bien droit. C’est la même chose pour notre alimentation et notre corps, car celui-ci se reconstruit en permanence. Nous avons un besoin quotidien en protéines. Pour notre reconstruction, mais également pour participer au nettoyage de nos artères, car ce sont elles qui transportent le cholestérol. Enfin, pour lutter aussi contre les infections. Par exemple, c’est souvent méconnu, en cas de longue grève de la faim, les grévistes meurent souvent d’infections, par manque de protéines.

 

Mais on peut carrément se passer de viande, comme nous le recommandent les végétariens ?

EDP : Oui. Il faut manger des protéines, donc pourquoi pas des protéines végétales que l’on trouve dans les céréales, les légumineuses, les champignons ou les levures alimentaires. Vous serez peut-être surpris, mais l'aliment qui fournit le plus de protéines n'est pas d'origine animale : c'est le soja ! La médecine n’a rien à dire contre le régime végétarien. Que l’on aime ou pas, nous allons tous devenir un peu végétariens. Près de 70 % des terres sont consacrées à l’élevage, qui engloutit environ 9 % des ressources en eau douce consommées chaque année. En France, 80 % des céréales servent à nourrir les animaux et non pas à l’alimentation humaine, ce qui, à l’échelle du monde entier, pose la question de l’équilibre global entre viande et cultures alors que 2 milliards de personnes ne mangent pas à leur faim.

 

On a beaucoup parlé de régimes hyperprotéinés... On en est revenu de cela ? On oublie ?

EDP : Ce régime marche… le temps du régime ; dès que vous réintroduisez les sucres, la graisse revient… C’est le phénomène du yoyo.