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Agression

Stress post-traumatique, tout reste à faire !

Par le Dr Yann Maël Le Douarin

Nous entendons beaucoup parler de lui en ce moment. Entre l’inquiétude des femmes de militaires qui interpellent le gouvernement, et les récits des victimes d’agressions sexuelles, il est au centre de beaucoup de conversations. Mais qu’est-ce que le stress post-traumatique ?

epictura/AntonioGuillemF
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Six cent mille Français sont victimes, chaque année, des conséquences psychologiques d’un événement stressant. Avec des conséquences graves qui pourraient pourtant être évitées.

Quelle différence y a-t-il entre le rescapé d’un tsunami, le miraculé d’une grosse chute de ski et une grand-mère qui s’est fait braquer son sac au coin d’une rue ? Une nouvelle maladie que la médecine appelle le « SSPT*», acronyme d’origine anglo-saxonne qui définit les conséquences du stress post-traumatique, en clair, tout ce qui découle de la rencontre avec l’immédiateté de sa propre mort.

Un problème de santé publique

Pour le professeur Philippe Courtet (Montpellier), c’est un problème de santé publique insoupçonné en raison d’un mauvais dépistage, d’une prise en charge encore balbutiante et une méconnaissance des conséquences qui en découlent. Constat terrible, d’autant que ceux qui doivent bénéficier de ce dépistage ne sont pas que les victimes évidentes de catastrophes, mais aussi toutes celles ou ceux qui, à tort ou à raison, se sont sentis menacés, que ce soit par la maladie, la nature ou la société.

3 situations à risque

Le professeur Louis Jehel (Paris), président de la société française de psycho-traumatologie, définit trois situations qui n’ont pas les mêmes conséquences en termes de développement du SSPT : 10 à 20 % de risque en cas de catastrophe naturelle, 20 à 40 % pour celles dites d’origine humaine, comme les accidents de la route, et 80 % voire 100 % pour les agressions sexuelles graves ou les prises d’otages. Une fréquence qui nécessiterait un repérage systématique, dès l’accueil aux urgences, avec la recherche d’un signe simple et constant : la déconnexion de la pensée, en particulier une incapacité à ressentir réellement la blessure...
 

Un syndrome sous-diagnostiqué

Par manque de psychiatres, cet examen, qui pourrait être délégué aux infirmiers, n’est la plupart du temps pas effectué. On estime que 1 % des Français sont confrontés chaque année à ce problème, contre 4 % aux Etats-Unis. Pas seulement parce que la détection est meilleure, mais parce que les situations traumatiques (arme à feux, état de guerre et violence urbaine en particulier) y sont plus fréquentes. D’ailleurs, les chiffres varient peu d’un pays à l’autre. On vante aujourd’hui le flegme des Japonais. Il est réel dans l’attitude mais quasi inefficace sur les conséquences du stress.

Si aucun traitement n’est institué, le SSPT se manifeste rapidement, au bout de quelques semaines, par trois types de symptômes : cauchemars avec répétition de l’accident, manifestations pseudo dépressives, en particulier l’évitement du sujet, enfin, une vigilance ou une méfiance inhabituelles.

Des conséquences importantes

Les conséquences à long terme sont, à tort, rarement rattachées à l’accident. Pourtant, on sait que c’est le cas de nombreuses dépressions, prises de stupéfiants, ou résistances aux médicaments contre la douleur. On estime, par exemple, que 80 % des prises de drogues importantes sont la conséquence de ce type d’accidents. François Ducrocq, chef des urgences psychiatriques du centre hospitalier de Lille, insiste sur des données très récentes montrant que le risque de suicide est multiplié par 6. Désormais, il faut rechercher  le traumatisme antérieur dans de nombreuses souffrances inexpliquées. 

Agir dès les premières heures est simple et efficace. Moins avec des médicaments qu’avec des techniques centrées sur le traumatisme psychique et qui font appel à la réexposition au souvenir et un travail psychologique sur l’événement traumatique. Il faut mettre des mots sur les images… C’est la seule méthode qui ait réellement prouvé son efficacité. Malheureusement, en France, moins d’un traumatisé sur deux rencontre un médecin susceptible de prendre des mesures efficaces.

*SSPT : Syndrome de Stress Post-Traumatique