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Journée mondiale

Ostéoporose : en silence, elle tue plus de femmes que la route

Par le Dr Jean-Paul Marre

L’ostéoporose touche 3 millions de femmes en France. Seules 500 000 se savent atteintes. Les autres sont à haut risque de faire une fracture du col du fémur ou d’une vertèbre, mais aussi du bras, des côtes, du poignet….

Jens Meyer/AP/SIPA

Parmi les nombreuses maladies silencieuses, l’une des plus insidieuses s’appelle l’ostéoporose. L’os est une matière vivante, avec une architecture complexe, comme une charpente de toit, et dont la solidité résulte d'un équilibre entre deux types de cellules : certaines qui solidifient et d’autres qui éliminent les parties mortes et donc le fragilisent. Et s’il y a trop de cellules qui nettoient, on se retrouve devant une ostéoporose.

C’est incontestablement une maladie familiale, mais il ne faut pas négliger l’influence des hormones sexuelles, et aussi d’une alimentation riche en calcium et d’un style de vie actif. Le squelette est une sorte de banque osseuse et nous vivons tous à crédit à partir d’un certain âge, les femmes plus que les hommes. Et la banque osseuse ferme ses portes dès l’âge de 30 ans : le magot pour l’avenir, c’est-à-dire la quantité et la qualité de l’os, sont définies à cet âge. Après, l’organisme a beaucoup plus de mal à stocker les éléments qui garantiront la pérennité de la solidité de notre squelette.

Fracture de fragilité ou fracture traumatique

Qui dit os fragile, dit fractures plus fréquentes : chaque année, 376 000 fractures sont dues à l’ostéoporose, et avec le vieillissement de la population, on en attend plus de 500 000 en 2025 ! Le nombre de décès annuel après une fracture liée à l’ostéoporose dépasse ainsi, en France, le nombre de morts par accident de la route… 

Tous les os peuvent être touchés, sauf ceux de la tête, du cou, des mains et des pieds. Les os les plus atteints par l’ostéoporose sont ceux du poignet, des vertèbres et, plus redouté, du col du fémur, car ce dernier est synonyme de 20 % de mortalité à 1 an.

Même si 10 % des hommes peuvent souffrir de cette maladie, l’ostéoporose atteint toutefois 30 à 40 % des femmes à la ménopause, et plus de la moitié de celles de plus de 75 ans. En effet, la diminution de la sécrétion des hormones féminines entraîne une accélération de la perte osseuse de près de 30 % dans les 10 ans qui suivent la ménopause, soit quand même 3 à 4 kg d’os !

La survenue d’une fracture dans un ciel serein

Il n’y a pas de signes qui peuvent alerter avant la fracture ostéoporotique. Aussi pour connaître l’état des os, il faut passer un examen indolore : l’ostéodensitométrie. Cet examen évalue la densité de l’os, ce qui ne reflète pas complètement la solidité osseuse car, à côté du poids de l’os, il y a aussi la façon dont il est construit : son architecture. Celle-ci peut être évaluée au scanner et surtout au micro-scanner, qui fait des coupes très fines et donne une idée de l’architecture osseuse. Un 3e paramètre joue dans la solidité de l’os, la qualité osseuse, c’est-à-dire la composition de l’os (architecture en protéines et cristal osseux). Cette dernière dimension ne peut être évaluée que sur la biopsie osseuse, celle-ci n’étant réalisée qu’en cas de maladie.

Le risque individuel

Les connaissances actuelles permettent de considérer ces fractures comme des complications évitables grâce à un traitement. Pour autant, il n’est pas nécessaire de faire un dépistage systématique chez toutes les femmes après la ménopause, mais il faut concentrer les efforts de prévention sur les femmes à risque. Il existe des scores de risque de fracture ostéoporotique qui sont à disposition sur différents sites, dont celui de l’Aflar. Il est important de les réaliser après la ménopause afin de voir s’il faut passer une ostéodensitométrie osseuse et mettre en route un traitement.
 

Des traitement efficaces et de courte durée

Bien que réduisant de moitié les risques de fracture en seulement 3 à 5 ans, les traitements anti-ostéoporotiques actuels sont mal perçus par les femmes : ces dernières années, de très rares effets secondaires (ostéonécrose de mâchoire et fractures atypiques) ont été mis en avant par certains sites alarmistes. Pourtant, le bénéfice antifracturaire de ces traitements dépasse de très loin les très rares effets secondaires. C’est une certitude acquise sur plusieurs millions de femmes traitées. C’est à votre médecin de choisir parmi les thérapeutiques celle qui conviendra, sachant que de nouveaux traitements sont annoncés.

 


L’Aflar (Association française de lutte antirhumatismale) donne des informations très complètes sur l’ostéoporose : 

 

www.tout-sur-osteoporose.fr

Ou

Allô ostéoporose au 0 810 43 03 43.