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8ème Semaine de mobilisation

Pourquoi le don de moelle osseuse est important

Par Melanie Gomez

L’Agence de la biomédecine espère recruter cette année 18 000 nouveaux donneurs et surtout diversifier les profils, car le registre France Greffe manque d’hommes et de certaines origines ethniques.  

DURAND FLORENCE/SIPA

« En tant qu’infirmier, je me suis inscrit en 1995 car je connaissais toute la difficulté de trouver un donneur compatible pour une greffe de moelle osseuse. D’autant plus que mon frère est décédé d’une leucémie. J’ai été appelé un jour pour effectuer un don. C’est un peu exceptionnel, mais j’ai su après que mon don avait servi à un homme d’une quarantaine d’années au Canada.  » témoigne Joël, qui confirme qu’il donnerait à nouveau sa moelle osseuse sans problème. Comme lui, déjà 200 000 personnes sont actuellement inscrites sur le registre national. « Le don de moelle osseuse est important, car il permet à 2000 malades qui en ont besoin chaque année en France, d’avoir un espoir supplémentaire d’être guéri d’une maladie hématologique mortelle, comme une leucémie ou un lymphome », explique Emmanuelle Prada-Bordenave, la directrice générale de l’Agence de la biomédecine.  
 

Ecoutez Emmanuelle Prada-Bordenavedirectrice générale de l’Agence de la biomédecine : « La moelle osseuse est située au cœur des os. C’est une structure de cellules qui fabriquent les cellules du sang. Quand il y a un dysfonctionnement, il faut les remplacer avec la moelle osseuse saine d’un donneur. »

 

Manque t-on de donneurs en France ? Un malade nécessitant une greffe de moelle osseuse a 1 chance sur 4 d’être compatible avec un frère ou une sœur. Lorsque l’on ne trouve aucune compatibilité dans la fratrie, ou que le malade n’a pas de frère ou de soeur, les médecins font alors appel au registre de donneurs potentiels français. Un registre qui est également connecté avec ceux du monde entier, ce qui permet de disposer au niveau international, de plusieurs dizaines de volontaires inscrits. Malheureusement, cela n’est pas toujours suffisant. Chaque année, des malades décèdent faute de donneurs compatibles. « En France, on a un autre problème, notre population est extrêmement variée à cause du métissage qui s’est fait au long des siècles, ajoute Emmanuelle Prada-Bordenave. Or, pour la greffe de moelle osseuse, on a besoin de quelqu’un qui donne, qui vous est quasiment identique, presque aussi proche qu’un frère ou une sœur, et ça c’est très rare ». 

 

Ecoutez Emmanuelle Prada-Bordenave : « On manque de donneurs hommes et parmi les hommes, notamment dans les communautés antillaises, d’Afrique sub-saharienne et du pourtour méditerranéen du Moyen Orient. »

 

Tout le monde peut-il être donneur ? Il y a des conditions à respecter. La première est d’être en parfaite santé. C’est un don qui est destiné à des personnes très gravement malades, pas question de prendre le moindre risque pour le receveur. Pour s’en assurer, l’entretien médical préalable est assez rigoureux. L’inscription n’est pas possible pour les gens souffrant d’une affection cardiaque ou respiratoire, ou encore pour les personnes prenant certains médicaments au long cours. Par ailleurs, il faut avoir plus de 18 ans et moins de 51 ans lors de l’inscription, même si l’on peut donner jusqu’à 60 ans. 

 

Comment se déroule le prélèvement ?   Il existe 2 techniques de prélèvement des cellules de la moelle osseuse : le prélèvement dans les os postérieurs du bassin et le prélèvement dans le sang par cytaphérèse. Le premier mode de recueil nécessite 48 h d’hospitalisation car il se fait sous anesthésie générale. Contrairement aux idées reçues, il ne comporte aucun risque de paralysie puisqu’elle n’est pas localisée au niveau de la colonne vertébrale ou de la moelle épinière. Certaines personnes ont des réticences vis-à-vis du risque minime que peut représenter l’anesthésie. Cependant toutes les précautions sont prises avant l’intervention avec une consultation avec l’anesthésiste. « Après la ponction, je me suis réveillé avec la sensation d’avoir reçu un coup dans le bas du dos ou dans la fesse. La douleur s’est très vite estompée et après une petite semaine d’arrêt de travail, j’ai repris le cours de ma vie normalement, avec en plus un immense sentiment de satisfaction, » confie Yves.

L’autre technique de prélèvement par cytaphérèse consiste à injecter au donneur pendant quelques jours un médicament permettant de faire sortir les cellules souches de moelle osseuse vers le sang. Ensuite, le recueil se fait plus simplement par prise de sang en une séance qui dure environ 4h. Quoiqu’il en soit, c’est toujours le médecin greffeur qui choisit la technique de recueil du greffon la plus appropriée pour son malade. Les deux techniques sont toutefois régies par les mêmes grands principes issus de la loi de bioéthique : consentement, anonymat et gratuité.

 

Ecoutez Emmanuelle Prada-Bordenave : « L’anesthésie fait peur c’est sûr, mais en France depuis que ce don existe, il n’y a pas eu d’accident. De toute façon, la cytaphérèse, ce n’est pas anodin non plus, même si c'est vrai qu’aujourd’hui on a de plus en plus de dons qui se font de cette façon. »


 

La 8ème Semaine de mobilisation pour la don de moelle osseuse se tient du 25 au 30 mars 2013. Pour s’informer ou se pré-inscrire pour devenir volontaire, un site internet, www.dondemoelleosseuse.fr. L’objectif principal est d’arriver en 2015 à ce que le Registre France Greffe de moelle compte plus de 240 000 donneurs potentiels afin d’espérer guérir des malades comme Antoine : « J’ai reçu trois greffes de moelle osseuse, la dernière grâce à un donneur anonyme. Même si je ne le connais pas, je pense à lui tout le temps. Ce n’est pas que j’ai besoin de le connaître physiquement, je voudrais juste lui exprimer ma reconnaissance, lui dire que je continue à vivre grâce à lui. Cet acte de générosité et de courage m’a permis de continuer à vivre. »