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Pollution atmosphérique

Diesel gate : 5 000 décès auraient pu être évités

Par Audrey Vaugrente

Les logiciels truqués ont provoqué une surmortalité en Europe. 5 000 morts sont directement liés aux émissions d'oxydes d'azote plus élevées que les seuils réglementaires.

welcomia/epictura
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Le diesel gate n’en finit pas de provoquer des remous. Le scandale révélé en 2015 a occasionné une prise de conscience générale. Le diesel n’est pas propre, nous le savons désormais. Mais en trichant, les constructeurs automobiles ont aussi augmenté les émissions d’oxydes d’azote, entre autres substances néfastes.

Pour la première fois, l’ampleur des dégâts est chiffrée grâce à un travail de l’Institut norvégien de météorologie publié dans Environmental Research Letters. Chaque année en Europe, 425 000 décès prématurés sont attribués à la pollution atmosphérique.

Et les véhicules diesel représentent une part non négligeable de cette statistique. D’après les calculs des Norvégiens, ils sont responsables de 10 000 de ces morts. En cause, les oxydes d’azote (NOx) émis par les pots d’échappement.

100 millions de véhicules

Le scandale du diesel gate a révélé les pratiques douteuses de Volkswagen et d’autres constructeurs. Afin d’échapper aux contrôles, les véhicules étaient équipés de logiciels trompeurs, optimisant les émissions de gaz toxiques. Résultat : voitures, camionnettes et utilitaires en circulation polluent plus qu’annoncé en laboratoire.

Et l’ampleur du désastre n’est pas minime. Si les seuils réglementaires avaient été respectés, les autorités auraient recensé 5 000 décès prématurés – soit moitié moins que le constat actuel. Rien qu’en France, 750 morts auraient pu être évités sur les 1 400 attribués à la pollution atmosphérique.

Il faut dire que le diesel représente la moitié du parc automobile. 100 millions de véhicules de ce type circulent sur les routes d’Europe. Dans certains pays, dont la France, la part est encore plus élevée.


Jonson et al 2017

Les poumons souffrent

Sans surprise, les concentrations de NOx sont plus élevées sur le Vieux continent qu’ailleurs dans le monde. Par rapport aux promesses des tests en laboratoire, les émissions d’oxydes d’azote sont 4 à 7 fois plus élevées. Or, 90 % des décès recensés ici sont dus à des pathologies respiratoires ou cardiovasculaires directement liées à l’exposition à ces polluants.

Et pour cause : les NOx sont des gaz irritants qui pénètrent profondément les poumons. « Chez les personnes sensibles, ils peuvent provoquer des difficultés respiratoires, une hyperréactivité bronchique, et chez l’enfant ils favorisent l’accroissement de la sensibilité des bronches aux infections », explique la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris.

Au vu de ces risques, améliorer la qualité des moteurs semble donc essentiel. Les auteurs de cette étude insistent sur ce point. Ils ont testé un modèle dans lequel les véhicules diesel pollueraient aussi peu que des moteurs à essence. Cela aurait réduit la mortalité prématurée de 78 %. De quoi inciter à revoir ses pratiques.

Plus de véhicules depuis le scandale

Le plus inquiétant, c’est que tous les pays ne sont pas égaux face à la pollution. L’Italie est, par exemple, deux fois plus à risque que la France. « Cela montre à quel point la pollution atmosphérique peut être dangereuse, particulièrement au nord de l’Italie, qui est une zone très peuplée », souligne Jan Eiof Jonson, qui a signé les travaux.

Malheureusement, le scandale mondial n’a pas eu l’impact escompté. Ce serait même le contraire, à en croire une étude européenne. En 2016, six millions de véhicules « sales » de plus ont circulé sur les routes. La France semble en avoir tiré les leçons puisqu’elle ne figure pas parmi les pays les plus consommateurs.

La législation pourrait toutefois se renforcer. Depuis le 1er septembre, les émissions polluantes émises par les voitures font l’objet d’un contrôle accru. Bruxelles a promis en effet des « nouveaux tests plus réalistes obligatoires ».