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Sierra Leone, Nigéria, RDC

Inondations : le continent africain débordé par les épidémies

Par Audrey Vaugrente

En Afrique, plusieurs pays tentent de limiter les répercussions sanitaires des inondations liées aux pluies intenses. Une épidémie de choléra en est en cours.

Manika Kamara/AP/SIPA

Une crise humanitaire silencieuse se prépare. Alors que tous les esprits sont tournés vers les victimes de l’ouragan Harvey, aux Etats-Unis, une autre région du monde fait les frais de catastrophes naturelles.

Sur le continent africain, trois pays déplorent des centaines de morts liées à des inondations et des glissements de terrains. En cause : de fortes et inhabituelles précipitations qui se sont abattues sur la Sierra Leone, le Nigéria et la République démocratique du Congo (RDC).

La situation est telle que le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a exprimé publiquement ses préoccupations. Sur Twitter, l’Ethiopien se dit « profondément inquiet des conséquences sanitaires des inondations au Bangladesh, en Inde, en Sierra Leone, au Yémen et aux Etats-Unis ».

 

 

Une crise alimentaire

L’inquiétude est justifiée. Contrairement aux Etats-Unis, ces pays en développement ne disposent pas toujours d’un système de santé adapté. Aux côtés des autorités locales, les associations humanitaires s’activent donc pour prévenir les maladies liées aux inondations.

Une mobilisation saluée par le directeur de l’OMS, qui évoque « l’héroïsme des professionnels de santé, des volontaires et des communautés qui travaillent auprès des victimes dans des circonstances très difficiles ». De fait, le Nigéria doit travailler simultanément sur deux fronts.

Au Sud-est du pays, l’Etat de Benue est confronté à une crue de la rivière du même nom. Dans cette région majoritairement agricole, des familles entières ont dû fuir leurs exploitations. Deux camps humanitaires ont été mis en place à Makurdi, la capitale de l’Etat. Un secours insuffisant, puisque 110 000 personnes ont été déplacées par l’inondation.

Des conséquences mortelles

Il ne s’agit plus seulement de prévenir les risques infectieux liés à l’épidémie. Les parcelles agricoles ont elles aussi été détruites par la crue. Les ressources alimentaires risquent donc de s’appauvrir. Plus au nord, le bilan n’est guère meilleur. L’Etat de Borno est confronté à une épidémie de choléra, partie d’un camp de réfugiés internes. 69 cas ont été dénombrés dans la capitale, Maiduguri. Les précipitations et les crues ont aggravé l’ampleur de la flambée, malgré les efforts de l’OMS qui a déployé des équipes sur place.

La Sierra Leone bénéficie elle aussi du soutien international, après la coulée de boue mortelle qui a frappé Freetown au mois d’août. Plus de 400 victimes sont à déplorer et des centaines de personnes sont encore portées disparues. Les autorités ont organisé des funérailles selon les règles, évitant une flambée de choléra.

La crainte d’une épidémie

Mais les organisations humanitaires sur place déplorent le manque de moyens préventifs. En effet, des personnes déplacées dorment toujours dehors, ce qui complique la lutte active contre les épidémies provoquées par les inondations (choléra, dysenterie, diarrhées aiguës…).

En République démocratique du Congo, un événement similaire a ensanglanté le Nord-est du pays. Le glissement de terrain a touché le village de pêcheurs de Tora, sur les rives du lac Albert. L’incident a fait moins de morts, mais les conséquences risquent d’être durables. Cette zone montagneuse est difficile d’accès et de nombreuses victimes encore ensevelies.

Au vu de ces éléments, une flambée de choléra est à craindre. Ce qui a poussé les autorités à interrompre la recherche des corps afin de désinfecter la zone. Les autorités espèrent ainsi éviter la propagation de maladies infectieuses aux villages installés sur les rives du lac Albert, qui ont été épargnés par le glissement de terrain.