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Sondage Ifop

Cancer du sein : les femmes ne font pas confiance au dépistage

Par Anne-Laure Lebrun

Deux tiers des femmes pensent que les centres de dépistage ne sont égaux partout en France. Elles jugent aussi le dépistage gratuit moins efficace.

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Conscientes des bénéfices du dépistage du cancer du sein, les Françaises sont pourtant réticentes à se faire dépister, montre un sondage Ifop réalisé pour l’association Europa Donna (1). Seules 6 femmes sur 10 ont déjà passé une mammographie, notamment par manque de sensibilisation de la part des médecins mais aussi des idées reçues sur l’examen.

Parmi les 42 % de femmes n’ayant jamais fait de dépistage, 35 % affirment ne jamais avoir reçu d’informations de la part de leur médecin. Elles sont aussi plus d’un tiers à penser avoir peu ou pas de risques de développer un cancer du sein.

Et bien que la participation au dépistage augmente avec l’âge (53 % chez les 35 à 49 ans et 90 % chez les 50 à 64 ans dans l'échantillon étudié), les lettres d’invitation reçues dans le cadre du programme national ne motivent pas les femmes à se déplacer. De fait, seulement 30 % des femmes se sont rendues dans un centre de dépistage après avoir reçu l’invitation, et 28 % l’ont fait sans.
Chaque année, en France, le taux de participation au dépistage organisé ne dépasse pas les 50 %.

Source : Europa Donna avec le soutien d’Accuray,


Manque de confiance

Si les femmes y vont à reculons, c’est qu’elles n’accordent pas une grande confiance à ce programme. En effet, plus de deux tiers des répondants pensent que les centres de dépistage ne sont pas égaux en termes d’équipements. Elles sont aussi 10 % à penser que le dépistage gratuit est moins efficace. Une proportion qui grimpe jusqu’à 32 % chez les femmes atteintes d’un cancer du sein.

«  À nous, associations de patients et professionnels de santé, de rappeler aux femmes que le dépistage sauve des vies, que le dépistage gratuit fournit les mêmes résultats que le dépistage payant, et que tous les centres sont équipés de façon égale pour fournir un dépistage performant et fiable, d’autant plus que tout le matériel doit être agréé et les radiologues formés », a commenté Natacha Espié, présidente de l’association Europa Donna.

La peur de souffrir

La douleur ressentie lors de la mammographie freine également les femmes. 50 % l'évoquent et plus d’un tiers des femmes la redoutent.

Les traitements du cancer suscitent également l’angoisse des répondants, avec en tête la chimiothérapie et la chirurgie. Même les personnes qui ne sont pas touchées estiment que les conséquences sont bien plus négatives pour ces deux traitements. La quasi-totalité des sondés juge que ces options thérapeutiques ont un impact sur le bien-être psychologique, l’image corporelle ou encore le regard que l’on porte sur soi. La chimiothérapie est aussi perçue comme fatigante, pouvant entraîner des douleurs et des malaises.

En revanche, la perception de la radiothérapie et de l'hormonothérapie est plus positive. Ces traitements sont perçus comme des solutions plus innovantes, moins contraignantes et permettant d’aménager plus facilement le quotidien.

« Il est à noter que le cancer du sein est, pour beaucoup de femmes, fortement corrélé à un certain nombre de peurs liées à la notion de perte : perte de son intégrité physique, image dégradée de soi, de l’image sociale et du regard des autres, perte de la maîtrise de son corps, de ses capacités physiques, perte de ses capacités de séduction et perte éventuelle de la vie. Ces peurs jouent un rôle dans le dépistage, intégré comme savoir dans la prévention mais pas toujours effectué », soulève Danielle Rapoport, psychosociologue et analyste des modes de vie et de la consommation.

Source : Europa Donna avec le soutien d’Accuray, 

(1) Sondage réalisé chez 1 007 personnes de 18 ans et plus, dont 529 femmes. Les répondants comptaient 47 femmes atteintes d’un cancer du sein, et un grand nombre de participants ont eu un parent proche, une amie ou une collègue touché par cette maladie.