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Etude britannique

Dépression : l’excès de sucre augmente le risque pour les hommes

Par Audrey Vaugrente

L'excès de sucre est associé à un risque accru de troubles mentaux, mais chez les hommes uniquement. Les femmes semblent épargnées.

ArenaCreative/epictura

Mieux vaut ne pas avoir un bec sucré quand on est un homme. Parmi la gent masculine, les amateurs de sucre sont plus à risque de troubles mentaux. La conclusion émane d’une étude parue dans Scientific Reports. Menée par le University College de Londres (Royaume-Uni), elle rappelle l’importance de limiter ses apports quotidiens.

Ces résultats s’appuient sur le suivi à long terme de la cohorte Whitehall II, portant sur des Britanniques. 5 000 hommes et 2 000 femmes, suivis depuis 1983, remplissent régulièrement des questionnaires sur leurs habitudes alimentaires et leur état de santé.

La fin d'une idée reçue

Ici, les chercheurs se sont intéressés au lien entre l’apport quotidien en aliments ou boissons sucrés et la survenue de pathologies mentales. Le résultat est plutôt surprenant. Chez les femmes, aucune association n’émerge entre l’excès de sucre et les troubles psychiatriques. Les hommes, en revanche, n’ont pas cette chance.

Les volontaires ont été séparés en trois groupes, selon leur consommation de produits sucrés. Les aficionados des glucides se définissaient par un apport dépassant 67 grammes par jour. Ils sont 23 % plus à risque de souffrir d’un trouble mental dans les 5 ans, par rapport aux moins gourmands, qui avalaient moins de 39,5 g par jour.

« De nombreux facteurs influencent les risques d’en souffrir, mais un régime riche en aliments et boissons sucrés pourrait bien être la goutte d’eau qui fait déborder le vase », explique Anika Knüppel, qui signe cette étude. La chercheuse souligne aussi qu’une idée reçue doit être renversée.

« Les personnes de mauvaise humeur ont tendance à manger sucré pour s’en débarrasser », indique-t-elle. Mais à long terme, c’est l’effet contraire qui se produit. Mieux vaut donc se tourner vers des solutions qui ont fait leurs preuves, comme une activité physique régulière.

Les Français trop gourmands

L’étude est formelle sur un point : c’est bien la consommation de sucre qui amène aux troubles mentaux, et non le contraire. Dans le cadre de cette cohorte, aucun lien n’émerge dans l’autre sens. Ce qui renforce l’idée que dépression, anxiété et autres pathologies ne conduisent pas à la consommation de sucre.

Aux yeux du Pr Eric Brunner, également auteur des travaux, cette publication plaide aussi en faveur d’une taxation des produits sucrés. « La nouvelle taxe sur les boissons sucrées, qui entre en vigueur en avril 2018, constitue un pas dans la bonne direction », estime-t-il.

De fait, le Royaume-Uni dépasse largement la dose quotidienne de sucre recommandée. En moyenne, un Britannique absorbe 68 grammes par jour. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) conseille de ne pas excéder 5 % des apports quotidiens globaux – soit 25 grammes. En France, la dernière étude précise sur le sujet date de 2007. Selon INCA 2, les Français sont eux aussi trop gourmands : ils ingèrent chaque jour 100 grammes de sucre en moyenne.