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Etude INCA 3

Alimentation : les Français mangent trop salé

Par Audrey Vaugrente

Le comportement alimentaire des Français continue de se dégrader. Ils mangent trop de sel, trop peu de fibres. La répartition des aliments laisse également à désirer.

Valentyn_Volkov/epictura

Trop gras, trop salé… et pas assez fibreux. Les Français ont encore des progrès à faire en matière d’équilibre alimentaire. Et d’activité physique. D’après l’étude INCA 3, présentée ce 12 juillet par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), la population ne bouge pas assez par rapport à ses habitudes alimentaires.

Depuis la dernière enquête de ce type, le comportement nutritionnel des habitants de l’Hexagone s’est dégradé, concluent les auteurs de l’étude. Résultat : 34 % des adultes et 13 % des enfants sont en surpoids. Cette estimation s’appuie sur le suivi de 5 800 personnes interrogées entre 2014 et 2015.

A raison de 2,9 kg d’aliments ingérés par jour, les Français consomment en moyenne 2 200 kilocalories (kcal). Comme souvent, les aînés font figure d’exemple, et la cuisine ne fait pas exception. Par rapport à l’ensemble de la population, ils mangent plus de plats faits maison – au profil nutritionnel souvent plus favorable que leurs équivalents préparés industriellement.

Les hommes moins sérieux

Les grandes villes sont elles aussi favorisées sur le plan de la variété et de la gourmandise. On y mange plus de poisson, confiseries, chocolat et jus de fruits que dans les campagnes. Mais ces variations restent anecdotiques.

Deux populations se distinguent particulièrement sur le plan des inégalités alimentaires. Un niveau d’études élevé favorise des comportements plus sains. Les Français passés par l’enseignement supérieur ingèrent plus de fruits et légumes. Mais surtout, ils boivent deux fois moins de boissons rafraichissantes – alcool exclu.

Du côté du sexe, l’écart est là aussi frappant. Non seulement ces messieurs mangent en plus grande quantité, mais ils se tournent aussi plus vers des aliments peu recommandés. Fromage, produits carnés crus ou encore pommes de terres occupent une place de choix dans leur assiette. Les femmes, elles, privilégient yaourts, compote, volaille et soupe.

Deux fois trop de sel

Mais l’équilibre des nutriments laisse à désirer. Près de la moitié du repas est composée de glucides, un tiers de lipides. Le reste se répartit entre protéines et autres apports. Sans surprise, les Français mangent trop salé.

A raison de 9 grammes par jour pour les hommes, 7 pour les femmes, le seuil recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (5g) est largement dépassé. Même les limites fixées par l’Anses, plus souples, ne sont pas respectées. A l’inverse, la part de fibres est trop faible. La dose journalière est de 10g inférieure aux recommandations officielles.

La moitié du panier quotidien est composé d’eau et d’autres boissons. Globalement, les fruits et légumes occupent une part non négligeable de l’assiette des Français. C’est particulièrement le cas à partir de 45 ans. Les produits laitiers, céréales ou encore les viandes ne représentent qu’une petite part du régime de la population.

Des frigos trop chauds

Un autre phénomène inquiète l’Anses, à l’origine de cette étude. Les comportements à risque ont tendance à devenir plus fréquents. Un peu trop, même. 80 % des Français l’avouent, ils sont friands d’aliments crus, comme les œufs, la viande ou le poisson. Dans ce dernier cas, la part d’adeptes a doublé depuis la dernière enquête INCA.

Comme le rappelle l’Anses, seule la cuisson permet d’éliminer les micro-organismes des aliments contaminés. Manger cru augmente donc considérablement le risque d’intoxication alimentaire.


Ces réponses sont d’autant plus alarmantes qu’une part non négligeable de la population stocke ses denrées alimentaires dans un réfrigérateur trop chaud. La température idéale se situe entre 0 et 4 °C. Pourtant 43 % des Français ont réglé la température au-dessus de 6 °C. Si on y ajoute le non-respect fréquent des dates limites de consommation, tous les éléments sont réunis pour un incident.

 

Une France trop sédentaire

La surcharge pondérale continue de progresser en France. 13 % des enfants sont en surpoids, tout comme 34 % des adultes. L’obésité, elle, touche 4 % de la population infantile et 17 % des adultes.

Cet alourdissement s’explique sans doute par le mode de vie sédentaire de l’Hexagone. En 7 ans, le temps passé devant les écrans s’est allongé de 20 minutes avant 18 ans, et de plus d’une heure chez les adultes.

80 % des personnes interrogées l’admettent, elles mènent une vie de sédentaire. Et nombreux sont ceux qui combinent cela à une activité physique insuffisante : plus d’un tiers des Français sont concernés.