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Etude en Nouvelle-Zélande

Gonorrhée : un vaccin contre la méningite B réduit le risque

Par Audrey Vaugrente

Un vaccin destiné à protéger de la méningite B réduit aussi le risque de contracter une gonorrhée. C’est la première fois qu’une piste vaccinale livre de bons résultats.

Bork/epictura

Elle est plus connue sous ses noms populaires : chaude-pisse, blennorragie, chtouille. Au-delà des mots, la gonorrhée est un vrai fléau dans le monde. Chaque année, 78 millions de cas sont diagnostiqués dans le monde. Un seul moyen d’éviter la contagion existe, le préservatif. Jusqu’ici, aucun vaccin n’a permis de prévenir l’infection.

L’université d’Auckland (Nouvelle-Zélande) est porteuse d’espoir dans ce domaine. Elle constate, dans le Lancet, qu’un vaccin contre la méningite B réduit aussi le risque de contracter une gonorrhée. L’étude, en partie financée par le laboratoire GSK et par l’université, fait état d’un risque légèrement réduit.

Un tiers de risque en moins

Cette étude tire les leçons d’une épidémie de méningite B, survenue en Nouvelle-Zélande dans les années 2000. Face au nombre croissant de cas, les autorités ont lancé une campagne de vaccination. 81 % des jeunes gens du pays se sont vus vaccinés contre la bactérie Neisseria meningitidis. Dans le même temps, les chercheurs ont constaté une chute des cas de gonorrhée.

Des reculs du même type ont été observés à Cuba, et en Norvège, à chaque fois après des campagnes de vaccination contre le méningocoque de type B. Encore fallait-il objectiver le phénomène.

Les Néozélandais ont donc passé au peigne fin le registre des vaccinations de l’archipel, sur la période de 2004 à 2008. Les données ont été recoupées avec les diagnostics de gonorrhées et chlamydia chez 14 000 jeunes gens, infectés entre 2004 et 2016.

Les résultats sont clairs : le fait d’être vacciné contre la méningite B protège légèrement contre la blennorragie. Par rapport à ceux qui n’ont pas reçu le vaccin, le risque est réduit de 31 %.

Des bactéries similaires

Comment un vaccin destiné à protéger d’une inflammation des méninges protège-t-il d’une infection sexuellement transmissible ? La réponse réside dans le profil des bactéries qui en sont responsables. Dans la gonorrhée comme la méningite, la famille des Neisseria est impliquée.

En fait, les deux bactéries partagent 80 à 90 % de leur ADN. « La plupart des facteurs de virulence d’une espèce ont un équivalent dans l’autre », ajoutent les auteurs de l’étude. Or, le vaccin utilisé contre la méningite B ne contient pas la bactérie entière, mais seulement une partie des protéines qui constituent sa membrane.

Des similitudes peuvent donc émerger avec la Neisseria gonorrhoeae. Cela devra être confirmé par d’autres essais cliniques. Mais l’enthousiasme est d’autant plus fort que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a récemment fait écho d’une nouvelle plus sombre.

Des cas sans symptômes

Certaines souches de gonocoques sont capables de résister à plusieurs classes d’antibiotiques, rendant le traitement plus difficile. A la lumière de cette information, le développement d’approches préventives semble plus que jamais nécessaire.

« Il est impératif de réévaluer la possibilité de vacciner et de raviver la recherche dans ce domaine », confirme Kate Seib, de l’université de Griffith (Australie), dans un commentaire associé à l’étude.

Renforcer la prévention est d’autant plus pertinent que la plupart des contaminations ne s’accompagnent pas des signes habituels. « Les infections asymptomatiques concernent 50 à 80 % des femmes et 1 à 40 % des hommes », chiffre Kate Seib. Et en l’absence de prise en charge, la gonorrhée peut provoquer de sévères complications : inflammations chroniques, infertilité et complications néonatales.