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Dépakote, Dépamide

Troubles bipolaires : plus de valproate sans contraception

Par Audrey Vaugrente

Le valproate de sodium (Dépakote, Dépamide) ne pourra plus être prescrit aux femmes bipolaires en âge de procréer si elles ne disposent pas d'une contraception.

areeya/epictura

Le valproate de sodium est désormais contre-indiqué dans la prise en charge des troubles bipolaires chez la femme. Pourquoi Docteur l'avait annoncé il y a quelques jours, l'Agence nationale de sécurité du médicament vient de le confirmer officiellement. A compter du 7 juillet, Dépakote, Dépamide et leurs génériques ne pourront plus être prescrits aux patientes qui ne disposent pas d’une contraception efficace.

Comme la Dépakine, indiquée dans l’épilepsie, ces médicaments sont au cœur d’une bataille judiciaire à venir. Malgré les risques connus de malformations congénitales et de troubles neuro-développementaux, une quantité non négligeable de femmes ont mené une grossesse sous valproate de sodium.

Des alternatives existent

Selon une étude réalisée par l’ANSM, « un nombre plus important de femmes en âge de procréer est traité par (valproate) dans le trouble bipolaire que dans l’épilepsie ». Si les premières interrompent plus souvent le traitement en cours de grossesse, elles restent trop nombreuses.

Rien qu’en 2014, un peu plus de 300 patientes bipolaires ont commencé une grossesse alors qu’elles prenaient toujours du valproate de sodium. Le danger était pourtant identifié. Le risque de troubles du développement ou du comportement s’élève à 30-40 % dans le cadre d’une exposition in utero. Dans plus de 10 % des cas, une malformation congénitale survient.


Cet entêtement est d’autant plus dommageable que plusieurs alternatives thérapeutiques existent dans ce trouble, et pourraient être privilégiées. Surtout que, d’après une étude épidémiologique menée par l’Assurance maladie, il a été démontré que lorsqu’elles étaient enceintes, les femmes bipolaires semblaient souvent abandonner leur traitement.

Un test de grossesse

L’ANSM a donc tiré les conséquences de ce manque de précaution. Les documents d’information et le formulaire d’accord de soins évoluent. Désormais, un test de grossesse négatif sera exigé à l’initiation du traitement et régulièrement au cours du suivi.

Mais les précédents du Curacné (contre l’acné) et du Soriatane (psoriasis) ne laissent pas augurer une réaction satisfaisante. Ces deux médicaments sont soumis à de strictes conditions de prescription… qui ne sont pas respectées par les professionnels de santé et les patientes.

Contre-indiquer la Dépakine dans l’épilepsie ne sera en revanche pas possible, étant donné l’absence d’alternative thérapeutique pour certaines formes d’épilepsie. Le médicament reste donc indiqué en dernière intention, après échec de toutes les autres alternatives. La prudence sera donc de mise lors des prescriptions.