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Syndrome de Dravet

Epilepsie : un dérivé du cannabis pour réduire les crises

Par Audrey Vaugrente

Le cannabidiol, présent dans le cannabis, a réduit de 39 % la fréquence des crises d’épilepsie. Les patients qui l’ont testé souffrent d’un syndrome rare et grave.

sudok1/epictura

Le cannabis au secours des épileptiques. L’un de ses composants, le cannabidiol, a réduit la fréquence des crises chez des personnes atteintes du syndrome de Dravet. C’est ce que montre une étude parue dans le New England Journal of Medicine. Cette maladie génétique rare est particulièrement difficile à traiter. Ce composant du cannabis est donc vecteur d’espoir.

Comme le THC, le cannabidiol est un cannabinoïde. A une différence près : ce dernier n’a pas d’effet psychoactif. A ce titre, il est très prisé de la recherche médicale, particulièrement dans les cas d’épilepsie réfractaires aux traitements. C’est le cas de nombreux patients souffrant du syndrome de Dravet (voir encadré).

Un complément

Aux Etats-Unis et en Europe, les chercheurs ont recruté 120 jeunes patients souffrant de cette maladie génétique. Pendant 14 semaines, le dérivé du cannabis a été testé. En complément des médicaments habituels, la moitié des volontaires a reçu du cannabidiol sous forme liquide. Les autres ont pris un placebo.

Au terme de l’essai, les résultats plaident clairement en faveur du cannabidiol. Dans le groupe traité, la fréquence des crises d’épilepsie a été réduite de 39 %. Chez trois patients, ces incidents ont même disparu totalement. Les résultats sont bien moins probants du côté placebo. Les crises n’ont reculé que de 13 %.

Mais le principal auteur de l’étude ne s’emporte pas face à ces résultats. Au contraire, il fait preuve de modération. « Le cannabidiol ne devrait pas être vu comme la panacée dans l’épilepsie », souligne-t-il. L’objectif est, en effet, de trouver une solution thérapeutique pour ceux qui n’en disposent pas, et non de généraliser le recours au cannabidiol.

Des doses plus faibles

Ce calme enthousiasme est d’autant plus justifié que les effets secondaires sont nombreux. Plus de 93 % des jeunes sous traitement s’en sont plaints. Vomissements, fatigue et fièvre sont les manifestations indésirables les plus signalées. Dans le groupe placebo, 75 % des volontaires ont émis les mêmes remarques.

Les malades devront faire preuve de patience avant de se rendre en pharmacie. Le médicament testé dans le cadre de cet essai clinique n’est pas encore disponible sur le marché. Si ce premier volet est encourageant, les résultats devront être confirmés par d’autres essais.

Dans les prochaines phases, la sécurité et la bonne tolérance du médicament devront être démontrées. Les chercheurs ont aussi prévu de tester des doses plus faibles. Les volontaires ont, pour le moment, reçu 20 mg de cannabidiol par kilo.

 

Un syndrome rare et précoce

Le syndrome de Dravet est une forme grave d’épilepsie de l’enfant. Il touche 1 naissance sur 20 000 à 40 000. Les crises démarrent généralement très tôt dans la petite enfance et sont déclenchées par de la fièvre. Une mutation génétique est responsable de ces manifestations, qui provoquent un retard de développement, avec des difficultés de langage, une mauvaise coordination mais aussi des troubles du comportement.

Arrêter les crises d’épilepsie à l’aide d’un médicament est particulièrement difficile dans cette pathologie. Dans 15 % des cas, les patients qui en souffrent meurent prématurément. Sur le long terme, le syndrome entraîne aussi un déficit intellectuel.