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Mélanome

Immunothérapie : le microbiote influence la réponse au traitement

Par Anne-Laure Lebrun

La composition de la flore intestinale permet de prédire l'efficacité et la toxicité de l'immunothérapie chez les patients souffrant de mélanome, selon une étude française.

NIAID/Flickr

L’arrivée de l’immunothérapie a bouleversé la prise en charge de certains cancers. Mais cette thérapie innovante ciblant le système immunitaire n’est pas efficace chez tous les patients, sans que l'on comprenne pourquoi. Une étude française révèle que le microbiote joue un rôle clé dans la réponse ainsi que dans la tolérance des malades à ces traitements. Ces travaux issus de la collaboration entre scientifiques et médecins de l’AP-HP, l’Inra et de l’Institut de Gustave Roussy sont présentés dans le journal scientifique Annals of Oncology.

« Ces médicaments ont des bons côtés car ils soignent des malades du cancer, mais ils ont aussi un mauvais un côté car ils déclenchent des maladies inflammatoires, en particulier des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin », explique le Pr Franck Carbonnel, auteur principal de l’étude et chef du service de gastro-entérologie à l’hôpital Bicêtre, AP-HP. Or dans ces pathologies intestinales telles que la maladie de Crohn, la flore intestinale joue un rôle important. Il est aussi aujourd’hui établi que les milliards de bactéries présentes dans nos intestins contribuent au développement du système immunitaire. Les chercheurs ont donc supposé que le microbiote pouvait influencer l’action de l’immunothérapie.


L'avantage d'un microbiote varié

Pour vérifier leur hypothèse, les scientifiques ont étudié la flore intestinale de 26 patients atteints d’un mélanome avec des métastases, et traités par l’ipilimumab, un anticorps monoclonal. Des analyses ont été effectués avant qu'ils reçoivent le traitement puis après. Et il apparaît que la composition du microbiote permet de prédire l’efficacité du traitement mais aussi de déterminer quels patients risquent de connaître des effets indésirables graves liés à l’immunothérapie.

En effet, les scientifiques ont découvert que les patients présentant une flore riche en bactéries Faecalibacterium et autres Firmicutes ont une meilleure réponse au traitement que les patients dont le microbiote est riche en bactéries du type Bacteroides. Ils ont également mis en évidence que les patients répondant le mieux au traitement sont aussi ceux qui sont davantage sujets aux entérocolites.

 

Optimiser l'efficacité du traitement

Outre la possibilité d’identifier les patients pouvant bénéficier de ce traitement, les scientifiques suggère qu’il sera possible d’optimiser l’efficacité de ce traitement en modifiant la flore intestinale. « Il existe plusieurs façons de manipuler la flore, la plus connue étant les antibiotiques mais on peut aussi l’influencer de manière plus sélective en administrant des phages (des virus tueurs de bactéries, ndlr) ou par la transplantation fécale », décrit le Pr Carbonnel.

Actuellement, la recherche sur l’immunothérapie et les leviers d’action capable d’améliorer son efficacité et réduire ses effets indésirables bouillonne partout dans le monde. Récemment, le rôle de ces bactéries intestinales a également été montré dans le succès des chimiothérapies.